TRIBUNE – Mineurs isolés : nous ne voulons plus de pansements !

Parce que la situation des mineurs isolés, seuls en France après avoir fui la misère ou la guerre, les révolte, les membres du Collectif Hébergeurs solidaires de Nantes et alentours ont décidé d'ouvrir les portes de leur maisons et de leur familles. Mais parce que "pallier les déficiences d'un système a ses limites", ils appellent les pouvoirs publics à réagir.

Collectif des hébergeurs solidaires
Martine et son mari accueillent Christian - 16 ans, originaire du Cameroun - dans leur maison de Trentemoult (Rezé, 44) en alternance avec 3 autres familles du "collectif des hébergeurs solidaires" / Photo: Armandine Penna

Ils sont près de 300. C’est beaucoup, et c’est peu. Bien peu pour une ville si fière de son image, qui la polit méthodiquement et professionnellement, vantant à l’envi sa qualité de vie, son offre culturelle, le dynamisme de ses starts‐ups… et même son souci de l’accueil des étrangers.

A Nantes comme ailleurs,  ils ne sont pas cachés, ils ne se cachent pas. A Bouffay, à Commerce, dans la journée, blottis sous des portes cochères, ou bien aux urgences du CHU la nuit… Ils survivent, exposés à tous les dangers de la rue. Ils sont des mineurs isolés étrangers, MIE, ou mineurs non accompagnés, MNA, comme les a rebaptisé le précédent gouvernement. Peu importe.

Ils sont venus de loin, et gardent les stigmates d’un voyage auquel nous n’aurions peut‐être pas survécu. Tandis que les collectivités – guidées par une politique d’État qui, au mieux, les ignore, au pire, les rejette – disent leur impuissance à les accueillir, mais pas trop fort quand même pour ne pas se faire remarquer, des associations de Nantes les accueillent, les guident, les protègent, les soignent, les nourrissent, les aident à trouver un collège, un lycée qui voudraient bien d’eux.

Face au refus des établissements publics et de l’inspecteur académique de les accepter dans l’enseignement public, l’association Action Jeunesse Scolarisation (AJS), membre du collectif Mineurs isolés étrangers, réussit à scolariser 60 jeunes dans le privé. Pour pallier aux refus de l’inspection académique d’accueillir des jeunes en voie de recours et face aux prix élevés des écoles privées, des lieux alternatifs d’échanges de savoirs et d’apprentissage s’ouvrent à Nantes.

« Nous ne voulons plus nous heurter à l’impuissance supposée des collectivités »

Aujourd’hui, des citoyens, nombreux, ont rejoint les militants infatigables. Des centaines de Nantais, ou d’habitants de villes et villages alentours, ont ouvert leur porte et, en quelques mois, ont appris à connaître ces jeunes, les ont invité à leur table familiale, naturellement.

Mais pallier les déficiences d’un système a ses limites. Nous ne voulons plus nous heurter à l’impuissance supposée des collectivités, nous ne voulons plus de pansements. Nous avons des propositions pour que le parcours de ces jeunes soit synonyme de réussite. Ils sont prêts. Nous sommes prêts.

La société civile dans toute sa diversité – familles recomposées, monoparentales, nombreuses ou sans enfants, célibataires, homo, étudiants, actifs, retraités, catholiques, musulmans, juifs, bouddhistes ou athées, agriculteurs ou cadres sup, salariés ou chefs d’entreprises – sommes déjà en action. Nous œuvrons au quotidien pour protéger et accompagner cette enfance en détresse. Des entrepreneurs de Loire Atlantique proposent depuis des mois des places en apprentissage, des stages découverte, de solutions actionnables à l’intégration de ces jeunes citoyens.

Nous, l’écosystème citoyen qui fait la fierté de Nantes, nous les Nantais, traçons d’ores et déjà, ensemble, les chemins qui mèneront à l’inclusion de tous, à la réalisation de chacun, au plus grand bénéfice de la nation que nous sommes. Nous sommes cette voix, nous sommes ces voix qui dépassent la peur de l’autre. Rejoignez nous.

Le collectif des hébergeurs solidaires Nantes et alentours. 

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Par Le collectif des hébergeurs solidaires Nantes et alentours