De quel échec parlez‐vous, monsieur de Rugy ?

[TRIBUNE] Suite à l'interview de François de Rugy publiée dans nos colonnes le 4 juillet, dans laquelle le ministre de la Transition écologique critiquait l'action de la ville de Nantes envers les migrants, Aïcha Bassal, adjointe à la maire de Nantes chargée de la vie associative, de l'égalité et de la lutte contre les discriminations réagit. Et renvoie l’État et le gouvernement à leurs responsabilités.

Migrants – square Daviais – Nantes (c) Mediacités
Campement de migrants, square Daviais, à Nantes / Photo : Mediacités

Echec, honte, situation intenable….

Voilà les mots choisis par un Ministre d’État, numéro 2 du Gouvernement, pour qualifier l’action de l’équipe municipale, menée par Johanna Rolland, face au drame humain des migrants, dans une interview publiée dans Mediacités, le 4 juillet 2019

Comment un Ministre d’État peut‐il tenir de tels propos, qui en plus d’être faux sont injustes et irresponsables ? Quand on est élu de la République comme je le suis, on ne peut qu’être surprise, a minima, voire choquée par les mots choisis et par la démagogie de ceux qui sont dans l’incantation, laissant à d’autres la responsabilité d’agir et d’être dans la posture trop facile de celui qui critique quand il aurait pourtant les moyens de faire.

Mais de quel échec parlez vous Monsieur De Rugy ? De celui de la politique d’accueil des demandeurs d’asile en France ? L’État est responsable de leur hébergement dès le moment où ils ont déposé leur demande. Et pourtant l’an passé, les 700 migrants installés square Daviais n’étaient pas pris en charge. Nous avons fait le choix de les mettre à l’abri, dans nos équipements municipaux, alors que l’État nous proposait comme seule solution l’évacuation du campement sans prise en charge des personnes.

Où est la honte dans cette histoire Monsieur De Rugy ? Pas du côté de la Ville en tout cas, qui a constamment agi en accord avec les valeurs d’hospitalité, de fraternité et de solidarité qui ont fait l’histoire de notre ville et de notre pays. En accord avec la loi qui garantit à tout demandeur d’asile la protection de sa personne le temps que soit traitée sa demande. La honte n’est pas non plus du côté des associations, des Nantaises et des Nantais qui pendant des semaines ont agi pour venir en aide à celles et ceux qui ont tout quitté, au péril de leur vie, pour assurer un avenir à leur famille et à eux‐mêmes.

Si la situation est intenable c’est d’abord intenable pour ces hommes et ces femmes qui vivent cette situation et c’est d’abord le fait de celles et ceux qui n’assument pas leurs responsabilités, qui tiennent des discours démagogiques quand nous avons fait le choix de parler et d’agir vrai, en accord avec nos valeurs humanistes de gauche.

« Monsieur De Rugy, le courage et la dignité de ces hommes et femmes qui ont traversé ce cimetière que devient la Méditerranée mérite bien mieux que de la démagogie »

Parler et agir vrai, cela veut dire constamment regarder les choses avec lucidité et courage. Oui tout n’est pas réglé, sur notre territoire comme dans d’autres grandes métropoles d’ailleurs. Mais nous avons toujours été force de propositions pour trouver des solutions c’est encore le cas avec la proposition de mise à disposition de 70 places sur le site de Gaston Turpin pour les migrants qui se trouvent actuellement dans le gymnase de Jeanne Bernard. Alors que la compétence d’hébergement d’urgence est une compétence de l’État, que le droit des Étrangers est un compétence de l’État, nous avons toujours travaillé avec les associations à construire des solutions pour accompagner au mieux ces personnes.

Oui la question de l’accueil et de la prise en charge des migrants n’est pas de la seule responsabilité de l’État. Elle est également de celle de l’Union Européenne, qui elle aussi ne respecte pas les standards qu’elle s’est pourtant donnés. Mais celles et ceux qui arrivent dans nos villes, qui demandent l’asile, ont des droits qui doivent être respectés. C’est cela l’égalité réelle que nous défendons.

Monsieur De Rugy, le courage et la dignité de ces hommes et femmes qui ont traversé ce cimetière que devient la Méditerranée mérite bien mieux que de la démagogie, surtout quand on est aux plus hautes fonctions. Chacun dans nos fonctions, nous incarnons la République, à notre place, dans notre rôle et notre parole doit contribuer à la faire vivre. Faisons donc en sorte de bien choisir nos mots.

 

»> Relire l’interview de François de Rugy, publiée par Mediacités le 4 juillet : 

Municipales 2020 : François de Rugy lève le voile sur ses intentions

  • Mme Bassal,
    Merci infiniment pour cette réponse pleine de bon sens et d’humanité, si éloignée des propos comptables, pervers et inhumains largement déployés depuis trop d’années par tant de commentateurs et politiques infatués et si vide de raisonnement et d’empathie. Je pourrais en parler pendant des heures mais ceux à qui mon petit mot parlera n’en ont pas besoin. Je souhaite à ceux à qui ils ne parle pas de se retrouver un jour dans la position des personnes que vous avez pris soin d’accueillir avec la dignité qu’il vous était possible d’apporter, et non en balayant leur humanité d’une pensée si surfaite et creuse.

  • Je crois aussi que l Etat et les pouvoirs publics locaux sont les 1ers responsables des conditions de vie déplorables et indignes de tous ces malheureux qui survivent dans nos rues ou dans des squats cachés …

  • Pendant que M. De Rugy pseudo ministre de la transition écologique ex président de l’assemblée rinçait les copains de sa femme avec des bouteilles de la cave de l’assemblée à 500€ et des homards géant (voir l’actualité du jour) on pense bien qu’il doit avoir un réel soucis pour les migrants

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Par Aïcha Bassal (adjointe à la maire de Nantes chargée de la vie associative, de l'égalité et de la lutte contre les discriminations)