Que deviennent nos articles après leur mise en ligne ? Comment les lecteurs reçoivent‐ils ces informations ? Comment s’en emparent‐ils ? Sont‐elles utiles ? Permettent‐elles de faire bouger nos villes et la société ?
À Mediacités, ces questions ont toujours été une obsession. Tel que nous le concevons, le rôle social et citoyen d’un journal d’investigation ne peut se limiter à dénoncer ce qui va mal. Pour être utile, il faut encore que ses enquêtes ouvrent et nourrissent un débat public. Qu’elles contribuent à régler les problèmes posés..
C’est pourquoi nous tentons régulièrement de suivre et d’évaluer les effets de notre travail. En publiant régulièrement des compléments d’enquêtes mais aussi en dressant chaque année un rapport d’impact. Ouverture d’une enquête judiciaire, amendement déposé à l’Assemblée nationale, prises de parole publique, décisions des élus… les conséquences peuvent être multiples. Et contribuent à faire rimer investigation avec action autant qu’avec indignation.
Le rapport d’impact de 2024
Les exemples d’impact de 2024
Les notes de frais de Laurent Wauquiez
On ne peut pas (encore ?) parler de révélations, mais la justice s’est déjà saisie du sujet… à notre initiative. Depuis septembre 2021, Mediacités réclame à la région Auvergne‐Rhône‐Alpes la communication des notes de frais de ses élus, dont celles du premier d’entre eux : son ancien président Laurent Wauquiez. Ce minimum de transparence a beau être prévu par la loi, notre démarche est pour l’instant restée vaine. Mais le feuilleton continue.
👊 Impact Le 21 mai 2024, le tribunal administratif de Lyon rend sa décision et « enjoint » Laurent Wauquiez à nous transmettre les notes de frais réclamées dans un délai de deux mois. Victoire ? Pas encore tout à fait. Le 12 juillet 2024, nous recevons un courrier du Conseil d’Etat nous informant que la région Auvergne‐Rhône‐Alpes a présenté un recours en cassation contre cette décision. La balle est désormais dans le camp de la plus haute instance administrative française.
Béton lyonnais, pollueur hors‐la‐loi
En octobre 2019, Mediacités révèle que l’industriel Béton lyonnais, centrale à béton implantée à Décines‐Charpieu à proximité d’un captage d’eau potable du Grand Lyon, est dans le collimateur des services de la préfecture pour des atteintes à l’environnement depuis 2010 et qu’elle a fait l’objet de plusieurs avertissements.
👊 Impact Après nos premiers articles, plusieurs associations environnementales puis la métropole de Lyon s’emparent du dossier. Au printemps 2020, le parquet de Lyon décide d’ouvrir une enquête. Poursuivi pour le non‐respect de la réglementation d’une « Installation classée protection de l’environnement », Béton lyonnais a fait l’objet d’un procès en septembre 2023. L’entreprise a été condamnée à 50 000 euros d’amende, dont 20 000 euros avec sursis, par le tribunal correctionnel de Lyon. Elle n’a pas interjeté appel « car l’administration a considéré que les installations étaient désormais conformes, argumente son avocat Christophe Neyret, même si la justice a reproché à Béton lyonnais d’avoir mis trop de temps à se mettre en conformité. »
PFAS : nos révélations de l’Assemblée Nationale au palais de justice
Depuis 2022, Mediacités multiplie les révélations sur le scandale des PFAS, ces polluants dits « éternels » qui ont contaminé l’eau, l’air et l’environnement des abords du Rhône sur des dizaines de kilomètres. Nous avons ainsi dévoilé que des boues d’épuration chargées de PFAS ont été répandues dans des cultures ; la stratégie d’Arkéma, l’industriel au cœur du scandale ; ou encore les rejets dans l’air de Daikin, l’autre chimiste dans le collimateur des pouvoirs publics et des associations.
👊 Impact Ils sont de plusieurs ordres. Nos révélations sur les boues d’épuration ont rebondi à l’Assemblée nationale où le député (LFI) du Rhône Gabriel Amard a tenté de faire voter un amendement pour interdire la vente et l’épandage des boues contenant des PFAS. Sans succès. Celles sur les rejets atmosphériques de Daikin ont, quant à elles, résonné au palais de justice de Lyon, où des riverains ont intenté une procédure contre l’industriel japonais, en vue de suspendre un arrêté préfectoral concernant l’usine. Avec succès cette fois‐ci.
Hospices civils de Lyon : le gros conflit d’intérêts de Carole Burillon
Après nos révélations sur un conflit d’intérêts estimé à 500 000 euros impliquant Carole Burillon, cheffe de service aux HCL (et par ailleurs élue à la métropole de Lyon), et épinglé dans un rapport de la Chambre régionale des comptes, Anticor a adressé un signalement au parquet de Lyon.
👊 Impact Au printemps 2023, la justice décide d’ouvrir une enquête sur ce dossier. Celle‐ci est toujours en cours.
Vidéos humiliantes à l’EM Lyon : la fin d’une tradition
Des sexes en gros plans, un étudiant sur lequel on urine et autres scènes d’humiliation… Le 3 septembre 2024, Mediacités révèle l’existence depuis des décennies de séances de projections de vidéos de la vie de l’EM Lyon, lors de soirées festives, dont certaines particulièrement dégradantes et parfois tournées sans le consentement des personnes concernées.
👊 Impact Contactée lors de la préparation de notre enquête, la direction de l’école nous avait assuré tout ignorer de cette tradition mais lançait une procédure disciplinaire. Deux semaines après notre publication, le compte Instagram de Ligne de Mire annonce la fin de l’association.
Un impact regrettable néanmoins : une chape de plomb s’est abattue sur l’école de commerce depuis notre enquête. Consigne a ainsi été passée de ne pas répondre à la presse afin d’ébruiter l’affaire le moins possible.
Les frais du directeur de l’Opéra enfin encadrés
De 8 000 à 8 500 euros par mois… Voilà ce que, de longues années durant, Serge Dorny, s’octroyait en notes de frais, en plus de son salaire. Hôtels et restaurants de luxe, voyages, cadeaux divers… rien n’était trop beau pour celui qui dirigeait alors le prestigieux Opéra de Lyon. Avant les révélations de Mediacités, du moins.
👊 Impact Car après la publication de notre enquête, basée sur l’épluchage rigoureux de plus de 3000 documents comptables, il a été contraint de revoir son « train de vie de diva » à la baisse. Contraint et forcé, puisque nos articles ont poussé le procureur de la République à demander à la Ville de Lyon – premier financeur de l’Opéra – de conduire un audit ayant débouché sur l’encadrement strict des frais du directeur.
Quelques années après nos révélations et quelques mois après le départ de Serge Dorny pour l’Opéra de Munich, un rapport de la Chambre régionale des comptes est même venu confirmer toutes nos informations, pointant une fois de plus le manque d’encadrement des collectivités financeuses sur la gestion de l’institution.
Coupe d’arbres : la ville de Lyon adopte une nouvelle procédure
En juillet 2021, Mediacités consacre une enquête à la coupe d’une trentaine d’arbres sur la colline de Fourvière, en plein secteur sauvegardé et (en théorie) protégé par l’estampille « Espace boisé classé », par le promoteur immobilier Nicolas Gagneux (6e Sens). Le goût pour la tronçonneuse de l’homme d’affaires avait provoqué la fureur de ses voisins et l’embarras des nouveaux élus écologistes de la ville de Lyon alors que Nicolas Gagneux avait obtenu les autorisations pour abattre frênes et autres marronniers. À la suite de nos révélations, d’autres médias, comme France 3, s’étaient intéressés au trou béant laissé par le patron de 6e Sens en contrebas de L’Antiquaille.
👊 Impact En mars 2022, à l’occasion d’un article consacré à une nouvelle coupe derrière la maison de Nicolas Gagneux, nous avons appris que notre première publication et son retentissement avait modifié la surveillance, par la ville de Lyon, des « Espaces boises classés » (EBC). « Depuis cette histoire, nous avons mis en place un dispositif d’alerte au sein du service d’urbanisme appliqué : dès qu’une demande d’abattage d’arbres est déposée dans un EBC, elle remonte automatiquement jusqu’aux élus », nous avait confié Nicolas Husson, alors adjoint au maire de Lyon chargé de la biodiversité.
Révélations sur le promoteur immobilier Alila : procédures en cascade
Golden boy de l’immobilier lyonnais, Hervé Legros, PDG du promoteur Alila, fait l’objet d’une première enquête de Mediacités en février 2023. Alors que l’homme d’affaires est inquiété par une information judiciaire pour harcèlement moral et abus de biens sociaux, nous nous penchons sur les fournisseurs et sous‐traitants non payés et, pour certains, mis en difficultés. D’autres révélations suivront, concernant le management problématique d’Hervé Legros et les soupçons d’abus de biens sociaux.
👊 ImpactC’est peu dire qu’Hervé Legros n’a pas apprécié nos enquêtes sur l’envers de son business. Avec son groupe, il nous attaque par trois fois pour « diffamation ». Trois procès‐bâillons, synonymes d’une débauche de temps, d’énergie et d’argent pour un média comme le nôtre. Nous avons définitivement gagné les deux premiers. Le dernier, gagné en première instance, est en cours d’appel.
Enfin, le 25 octobre dernier, le tribunal de commerce de Lyon prononce la liquidation judiciaire de la filiale de gestion du groupe d’Hervé Legros.
Virés de la soirée électorale du RN
En mars 2023, Mediacités publie une enquête intitulée « A l’école hôtelière Vatel, omerta et réaction tardive face à des accusations de violences sexistes et sexuelles ». Témoignages et courriers internes à l’appui, elle révèle le harcèlement et les gestes déplacés de deux professeurs du restaurant d’application parisien du groupe lyonnais – autoproclamé numéro 1 mondial de son secteur. Alertée depuis 2020, la direction les a maintenus en poste.
👊 ImpactSuite à nos révélations, une classe de Vatel lance un mouvement de grève qui s’étend au fil des semaines pour réclamer le départ des professeurs mis en cause. En vain. S’ils continuent d’enseigner à Vatel, ces derniers auraient toutefois mis fin à leurs comportements problématiques.
En parallèle, d’autres médias s’emparent du sujet. L’Agence France presse (AFP) publie notamment une dépêche mi‐avril qui reprend et confirme nos informations. Alors que l’hôtellerie-restauration était restée hermétique à la libération de la parole initiée par le mouvement #MeToo, cette affaire a contribué à briser l’omerta dans ce secteur.