Terres agricoles : « La volonté politique n’est pas assez forte pour stopper la frénésie de l’urbanisation »

[GRANDS ENTRETIENS 6/7] L'alimentation et l'agriculture s'installent dans les préoccupations des grandes métropoles. Pour Benjamin Duriez, délégué général de l'association Terre de liens, les collectivités locales disposent de réelles marges de manœuvre pour préserver les terres agricoles et favoriser les circuits-courts, face à une artificialisation toujours galopante.

24aout Dessin JPVDE cuisine et alimentation
Illustration Jean-Paul Van der Elst

Pendant le confinement, les rayons vides de certains magasins ont fait craindre une pénurie et posé la question de l’autonomie alimentaire. Si ces difficultés d’approvisionnement ont davantage relevé de problèmes de logistique que de production, le contenu de nos assiettes est plus que jamais au cœur de nos attentions.

Les équipes municipales, reconduites ou nouvellement élues, ne font pas l’impasse sur le sujet, même si les dénominations des délégations dédiées révèlent des approches différentes. À Lyon, un conseiller municipal s’est vu attribuer le thème de « l’alimentation locale et la sécurité alimentaire », tandis que ses alter ego nantais, lillois et toulousain consacreront respectivement leur mandat à « l’alimentation et aux circuits courts » à Nantes, à « l’agriculture urbaine » à Lille, ou tout simplement au « bien manger » à Toulouse.

Mais que peuvent concrètement ces grandes métropoles davantage enclines à artificialiser les sols pour y construire des logements et des activités commerciales ou industrielles, plutôt qu’à développer l’agriculture ? 

Depuis 2003, l’association Terre de liens agit concrètement sur ces thématiques en rachetant des fermes pour les louer à des agriculteurs et faciliter leur installation, mais aussi pour y assurer « une production biologique ou paysanne ». Pour Mediacités, Benjamin Duriez, son délégué général, revient sur les transformations en cours et les défis à surmonter. 

La création d’un poste d’adjoint à l’Agriculture à Paris a fait polémique au début de l’été. Que vous inspire cet intérêt nouveau pour l’agriculture ?

Créer ce genre de poste dans les collectivités est un très bon signal. Cela montre qu’il y a une prise de conscience et une envie de se doter de moyens d’action pour dépasser les effets d’annonces habituels. Tout dépend de ce que les élus veulent faire. L’agriculture urbaine est intéressante, mais ce n’est pas grâce à elle que les villes pourront se nourrir. Si Paris veut acquérir des terres agricoles en dehors de sa commune, cela augmentera peut‐être la spéculation foncière car des propriétaires sauront que la capitale a les moyens d’acheter. Quitte à investir dans du foncier, la municipalité parisienne pourrait acquérir du terrain à bâtir pour le repasser en terres agricoles. Là, je dirais bravo !

Cela dit, adjoint dédié à l’agriculture ou pas, l’urbanisation progresse chaque année. Malgré les bonnes intentions, 50 000 hectares ont été artificialisés en France en 2019. On constate même un découplage entre l’urbanisation et la démographie. En Franche‐Comté, par exemple, l’urbanisation se poursuit alors que la population a diminué. La volonté politique n’est pas assez forte pour stopper cette frénésie. La matrice des aménageurs urbains, c’est de réaliser de nouveaux lotissements pour attirer des habitants. Il faut repenser l’aménagement urbain …

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Propos recueillis par Gael Cérez