Que voulez‐vous savoir sur la gentrification des centres‐villes ? Parlez‐nous !

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Illustration Jean-Paul Van der Elst

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Temps de lecture : 3 minutes

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Par Benjamin Peyrel

Mediacités lance #DansMaVille, un nouveau format d’enquêtes collaboratives. Pour la première fois, c’est vous, lectrices et lecteurs, qui déclenchez nos investigations. Dès aujourd’hui, dites-nous ce que vous voulez savoir sur l’embourgeoisement des centres-villes, aussi appelé “gentrification”.

Il arrive que l’on ouvre les yeux un matin pour se rendre compte que son quartier a changé. Un coup d’oeil dans la vitrine de l’agence immobilière d’à côté : les prix à l’achat comme à la location ont grimpé de 20 à 30% depuis notre emménagement dans le secteur. Les petits vieux qui occupaient auparavant les bancs défraîchis de la placette se sont, semble‐t‐il, transformés en une tripotée d’enfants qui courent entre les bacs à fleurs d’un jardin partagé. Et, bon sang, où est passé le petit bistro, son café à 1 euro et ses banquettes en moleskine affaissées sous le poids des ans et de milliers de fessiers ? Remplacé par une brasserie de bières artisanales bio / épicerie en vrac / magasin de vinyles, tout en bois brut et mobilier industriel.

Pas de doute, ces matins là, deux constats s’imposent :
1. On a vieilli.
2. Le quartier est en train de s’embourgeoiser. De se “gentrifier”, comme disent les sociologues et les urbanistes.

Clichés ? Disons que l’on a peut‐être un peu forcé le trait. Mais depuis trois ans que nous arpentons les rues de Lille, Lyon, Toulouse et Nantes, des exemples comme ceux‐là, nous en avons recueilli à foison. Par nous‐mêmes, bien sûr, mais surtout par les centaines de conversations engagées avec les habitants et témoins de nos enquêtes.

« Face à un sujet aussi vaste que la gentrification, comment être sûr de traiter les aspects qui vous intéressent ? »

Au gré d’une discussion sur une affaire, d’un reportage sur un élu ou un quartier, reviennent régulièrement le même type de remarques. Plutôt déçues : « quand on s’est installés c’était encore un quartier populaire. Mais là, il n’y a plus que des gens qui nous ressemblent et c’est pas ce qu’on cherchait ». Carrément inquiètes : « je n’ai plus les moyens de rester ici, tout devient trop cher ». Ou simplement désabusées : « la ville change, c’est sans doute bien. Mais j’ai l’impression de ne plus la reconnaître, de ne plus y avoir ma place ».

#DansMaVille : dites‐nous ce que vous voulez savoir sur la gentrification

Partant de là, nous nous sommes dit qu’il y avait peut‐être un bon sujet d’enquête(s). Mais par où commencer ? Comment ne pas tomber à côté de la plaque ? Face à un sujet aussi vaste que la gentrification des villes, comment être sûr de traiter les bons aspects, ceux qui vous intéressent ?

Nous avons donc décidé de vous poser la question. À vous, que vous soyez abonné à Mediacités ou que n’ayez pas encore franchi le pas. Vous qui vivez tous une expérience différente de la ville. Vous qui participez à ce phénomène, le subissez (ou parfois même les deux). Que voudriez‐vous en savoir ? Sur quel sujet précis souhaiteriez vous voir Mediacités enquêter ? À quelle(s) question(s) souhaitez‐vous nous voir répondre ?

Écrivez‐les dès maintenant dans le court formulaire ci‐dessous (et rendez‐vous plus bas pour découvrir la suite du processus) :

 

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Des enquêtes qui répondent à vos préoccupations

Cette enquête participative étant une première pour Mediacités, vous vous demandez sans doute ce qu’il va se passer après. C’est relativement simple. Notre formulaire est ouvert jusqu’au mardi 11 juin (vous avez donc le temps d’y revenir si une idée surgit, un matin, au réveil). Passée cette date, nous recueillerons et lirons attentivement toutes vos questions. Nous ne pourrons pas répondre à toutes, mais nous lirons bien entendu l’intégralité de vos suggestions. Quoi qu’il en soit, nous publierons un bilan de toutes vos contributions dans le courant du mois de juin.

Et ensuite ? Ensuite, à nous de jouer. Selon le nombre, la teneur et la précision des questions recueillies, nous nous lancerons, au choix, dans une série d’articles, dans une enquête “gentrification” commune à plusieurs villes, ou encore dans une enquête propre à chacune d’entre elles. Bref, tout est ouvert.

Comme vous l’avez compris, il s’agit là d’une expérimentation. Nous espérons qu’elle vous intéressera et que le résultat vous plaira. Si tel est le cas, nous reproduirons l’expérience régulièrement. D’ailleurs, n’hésitez pas d’ores et déjà à nous faire part d’autres thématiques sur lesquelles vous pensez que nous devrions faire appel à nos lecteurs. Indiquez‐les nous en écrivant un e‑mail à Benjamin et Pierre, à l’adresse : dansmaville@mediacites.fr

Merci à tous pour votre participation et au plaisir de lire vos suggestions d’enquêtes !

  • Il y a effectivement des quartiers qui s’embourgeoisent mais finalement tous les quartiers évoluent. Parfois en mieux et parfois en moins bien car tout est relatif suivant nos croyances, nos peurs, notre vécu et/ou nos opinions. Récemment je me baladais dans le quartier Moulins et j’ai été frappé du nombre de commerces africains qui s’y étaient installés. J’y vais de temps en temps pour me dépanner et l’accueil est à l’ancienne, sympathique et courtois. Quand je pense que nos petits commerces ont été détruits par les gros méchants que sont Leclerc, Auchan, Carrefour and co.… voilà qu’ils reviennent.… une enquête peut être ?

  • Alors que les gentrifieurs valorisent la « diversité » du quartier, ils pratiquent l’entre-soi et, pour ceux qui ont des enfants, l’évitement scolaire. Ainsi, dans les quartiers gentrifiés, la mixité culturelle prime sur la mixité sociale, qui reste « un décor dans lequel s’épanouit la sociabilité propre des gentrifieurs entre eux. » Anne Clerval

    « Car la politique de mixité sociale poursuivie dans les quartiers populaires, en ne prenant pas en compte la gentrification et la destruction de l’habitat social de fait, contribue finalement à réduire les logements accessibles aux classes populaires dans Paris !

    Anne Clerval montre bien que, loin d’être un fatum, la gentrification résulte « du mode de production capitaliste de la ville ». Mais le processus semble à l’heure actuelle inexorable, et d’autant plus violent pour les classes populaires que leurs choix résidentiels se restreignent… Le droit à la ville, mentionné en conclusion, pourrait peut‐être constituer une réponse efficace. Qui s’en saisira concrètement ? » ?

  • Un moyen d’éviter ce phénomène pourrait être la création d’un établissement public du foncier pour éviter la flambée des prix de l’immobilier + un encadrement strict des loyers + des logements très sociaux (PLAI) et pas seulement « sociaux » dans les centres ville

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