Lille : ces marchands de sommeil qui donnent des cauchemars aux autorités

A Lille, 10 % du parc de logements privés serait potentiellement indigne, contre 3 % en France. Malgré l’existence d’une cellule dédiée à la mairie et un durcissement des peines prononcées, la lutte contre l’habitat insalubre reste un combat lent et difficile.

marchand de sommeil
Illustration Jean-Paul Van der Elst

Humidité, pénombre et exiguïté. Rue des Postes, à Lille, Tony a vécu six mois dans un logement réunissant toutes les caractéristiques de l’insalubrité. A 40 ans, il travaille dans un kebab et a passé trois mois à la rue d’octobre 2017 à janvier 2018. Son nouveau toit, il l’a trouvé dans l’urgence sur les petites annonces. L’appartement était censé faire 25 mètres carrés. Il ne dispose en fait que de 7 mètres carrés de surface habitable en raison d’une hauteur de plafond sous mezzanine trop faible. Le taux d’humidité constatée sur place atteint 80 % sur certains murs et le volet cassé de l’unique fenêtre oblige Tony à vivre sans lumière naturelle.

« En l’espace de six mois, j’ai perdu la majorité de mes meubles, vu mes plantes dépérir et mes animaux maigrir à cause de l’humidité et de l’air saturé, se remémore‐t‐il. J’avais l’impression de vivre dans un sauna à température ambiante. » La situation va de mal en pis. Dépression, problèmes respiratoires, stress permanent et troubles du sommeil… Le tout pour 425 euros par mois.

Lorsque Tony apprend qu’il ne peut pas habiter ce logement frappé d’un arrêté d’insalubrité – synonyme d’interdiction de location -, il décide de réclamer des comptes à son propriétaire. En vain. « Il ne répondait pas aux injonctions des services compétents, sous prétexte qu’il ne recevait pas le courrier. » C’est ce silence, « ce déni et cet irrespect insupportables » qui poussent Tony à agir en justice. Une attitude peu courante parmi les victimes. « Les locataires sont souvent des personnes vulnérables, qui n’ont pas l’énergie, la connaissance ou le temps pour sortir de cette situation par la voie légale », explique Céline Piton, juriste à l’Agence départementale pour l’information sur le logement (ADIL). Tony attend son jugement : il sera fixé mi‐mai 
« Cibler la misère humaine pour en tirer profit »
Le cas de Tony n’est pas isolé. En France, la Fondation Abbé Pierre estime que 3 % des logements privés sont « potentiellement indignes 

Le parc privé potentiellement indigne (PPPI) est une statistique obtenue grâce au croisement de …

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Temps de lecture : 9 minutes

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Par Cécile Lemoine, Alicia Mihami, Antoine Morin