Au dernier jour du procès Barbarin : « La douleur ne crée pas le droit »

Au quatrième et dernier jour du procès Barbarin, couvert par Mediapart, les avocats de la défense ont tenté de démontrer que les infractions reprochées au cardinal et aux cinq autres prévenus n’étaient pas constituées. Les débats ont mis en évidence un certain décalage entre la dimension thérapeutique du procès pour les victimes et la lecture stricte du droit du côté de la défense.

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Le cardinal Barbarin au tribunal correctionnel de Lyon le 7 janvier. © Albert Campi / We Report

Conter une fable dans une affaire d’omerta. Dernier à prendre la parole avant la clôture du procès Barbarin jeudi, Me André Soulier maîtrise ses vieux classiques. L’avocat et proche du cardinal de Lyon convoque une fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste, et sa célèbre morale : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Pour le ténor du barreau lyonnais, le message est clair : « Il faut faire attention de ne pas prétendre identifier les malheurs d’un temps à telle ou telle personne. Ça n’est pas la mission de la justice », conclut‐il devant la présidente du tribunal correctionnel de Lyon.

Le quatrième et dernier jour d’audience du procès a été exclusivement consacré aux plaidoiries des avocats de la défense de Mgr Barbarin et des cinq autres prévenus, poursuivis pour non‐dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs commises par le père Bernard Preynat des années 1970 à 1990, et pour non‐assistance à personne en péril pour deux d’entre eux. Les prises de parole longues, parfois techniques, sont venues clore un procès intense, marqué par plusieurs moments clés.

Le premier temps fort, le plus spectaculaire et le plus attendu, a été l’interrogatoire du cardinal Barbarin à la barre pendant trois heures lundi. « Je ne vois pas de quoi je suis coupable », est venu dire l’archevêque de Lyon, semblant parfois prier pendant l’audience. Le lendemain a succédé l’émotion des victimes, racontant les agressions subies dans leur enfance et la souffrance provoquée par le silence qui les a rongés pendant des décennies. La journée de mercredi a ensuite été le théâtre d’une bataille juridique et technique entre les avocats des deux parties, chacun tentant de démontrer ou d’infirmer l’existence d’une infraction.

« Système du silence »

Ces quatre jours, largement suivis par plusieurs dizaines de journalistes, ont consacré une victoire a minima médiatique pour les parties civiles. Après plus de deux ans de procédure, les victimes, regroupées au sein de l’association La Parole libérée, sont parvenues à placer le débat sur la place publique et ont pu exposer leurs griefs à l’égard du « système du silence » instauré selon eux au sein de l’Église.

Surtout, les anciens scouts de Sainte‐Foy‐Lès‐Lyon ont pu faire résonner leur souffrance dans le tribunal, comme Christian Burdet, forcé à des …

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Temps de lecture : 8 minutes

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Par Daphné Gastaldi, Mathieu Martiniere et Mathieu Périsse (We Report / Mediapart)