Drogues : le déni des Nuits Sonores

Contrairement à d’autres acteurs de la scène électro, les organisateurs du festival lyonnais refusent d’adopter une politique de réduction des risques concernant la consommation de drogues. Question de stratégie. Question d’image également.

Festival des Nuits Sonores 2014 de Lyon (69).
Lors d'une précédente édition du festival des Nuits Sonores, à Lyon. Cette année, le rendez-vous des musiques électro se tient jusqu'au 13 mai. Photo : Andia.

Comme chaque année, Lucas (le prénom a été modifié) et ses potes iront danser aux Nuits Sonores, festival électro lyonnais de référence qui se tient jusqu’au 13 mai et devrait accueillir 140 000 personnes. Ils s’y rendront le samedi après‐midi et ont prévu pour l’occasion des « tazs » – le diminutif d’ecstasy. Rencontré quelques jours avant le début du festival, à la terrasse d’un bar du 7e arrondissement de Lyon, ce développeur informatique de Villeurbanne, 25 ans, dit consommer diverses drogues, « une à deux fois par mois, chez des copains ou en soirée électro ». « Ces produits se marient bien avec la musique, me permettent de passer de bons moments entre amis et de tenir plus longtemps », assume‐t‐il.

Associer musique électronique et drogues relève du cliché ? Sûrement. Mais aussi d’une certaine réalité. « L’an dernier, plusieurs pharmacies nous ont précisé avoir vendu, au moment des Nuits Sonores, plus de sirop codéïné et de seringues », confie Nina Tissot, coordinatrice de Trend Auvergne‐Rhône‐Alpes, une structure soutenue par l’Agence régionale de santé qui documente les tendances récentes en matière de consommation de drogues illicites et de médicaments détournés. Son dernier rapport, publié en 2017, souligne qu’à l’instar du boulevard électro de la fête de la musique, les Nuits Sonores sont « le théâtre d’usages de drogues importants ». Dans le détail, « ecstasy et LSD y sont très présents, et le caractère transgénérationnel et socialement hétérogène du public induit une présence importante de cocaïne, plus souvent consommée ici par des personnes ayant un revenu salarié ». 

C’est le cas d’Anthony (le prénom a été modifié), 35 ans, directeur de travaux, père d’une petite fille de trois ans et consommateur occasionnel – « une ou deux fois par an ». « Des copains viennent dormir à la maison pour les Nuits Sonores, raconte‐t‐il. Ils auront de la MD [la MDMA, le principe actif de l’ecstasy] et j’ai prévu d’acheter de la coke. » « Moi, je ne prends rien, mais dans ces moments, j’ai l’impression d’être quasi la seule ! », souligne Estelle (le prénom a été modifié), sa compagne, qui se rendra elle aussi au festival.

Deux semaines avant le festival, Arty Farty change son fusil d’épaule

Interrogé sur le phénomène, Damien Béguet, président de l’association organisatrice Arty Farty commence par une évidence : les drogues sont interdites aux Nuits Sonores. « Nous embauchons …

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Par Eva Thiebaud