Favoritisme et autres atteintes à la probité : les affaires des élus du Nord et du Pas‐de‐Calais

Le président de la Métropole européenne de Lille sera jugé en appel du 22 au 24 septembre 2025 dans plusieurs affaires d’atteinte à la probité. Mais il n’est pas le seul élu nordiste à avoir attiré l’attention de la justice ces cinq dernières années. Détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêt, favoritisme, trafic d’influence… Mediacités en dresse l’inventaire.

Probité Elus (2)
De gauche à droite et de haut en bas : Damien Castelain, Alain Griset, Guillaume Delbar, Marine Le Pen, Joffrey Zbierski, Marc Philippe Daubresse, Thierry Lazaro, Stéphane Sieczkowski-Samier, Fabien Roussel, Emmanuel Agius, Christine Engrand et Laurent Degallaix. Montage : Mediacités

Un maire qui fait de la prison, un autre placé en garde à vue et des élus locaux contraints de démissionner pour inéligibilité… En 2024, le nombre d’atteintes à la probité a poursuivi son augmentation, entraînant tout son lot de sanctions. Le Nord est classé comme le sixième département français le plus touché, selon un décompte du ministère de l’Intérieur. Parmi ces faits, deux tiers concernent des élus ou des fonctionnaires locaux.

Dans son dernier rapport d’activité, l’Agence française anticorruption (AFA) alerte néanmoins sur un phénomène « par définition occulte [qui] conduit à [sa] sous‐estimation quasi structurelle. En réalité, seule une faible proportion des infractions commises est détectée, et une proportion encore plus faible sanctionnée ».

Malgré cette limite, Mediacités se livre à un exercice inédit : recenser les infractions et autres entorses aux règles que les élus du Nord et du Pas‐de‐Calais ont commis ces cinq dernières années dans le cadre de leurs mandats ou pour lesquelles ils font l’objet de procédures judiciaires. Si certaines affaires, à l’image de celles de Damien Castelain, ont défrayé la chronique, d’autres sont passées plus inaperçues.

1/ Les affaires emblématiques

  • Prison ferme pour le maire de Provin 

Le cas récent le plus frappant est sans aucun doute celui de Joffrey Zbierski, ancien maire (divers droite) de Provin… et ancien président de l’Association des maires de Nord ! L’ex-édile de cette bourgade de 4 500 habitants située entre Lille et Lens se trouve actuellement en prison, où il purge une peine de deux ans, après sa condamnation en décembre 2024. La liste des faits commis entre décembre 2018 et février 2023 est vertigineuse : abus de confiance, soustraction et détournement de biens publics, escroquerie, faux en écriture et subornation de témoin.

Maire depuis 2014, Joffrey Zbierski aurait détourné 150 000 euros, dont plus de 85 000 euros sortis directement du budget de sa commune grâce à un tour de passe‐passe bien huilé : faire établir de fausses factures réglées par la mairie pour des services jamais réalisés… dont une partie lui revenait ensuite directement. L’élu se serait également servi dans les subventions votées aux associations de la ville.

Joffrey Zbierski, qui était directeur général de l’une de ces associations, aurait également réussi à se faire payer indûment, entre 2019 et 2021, pour 37 000 euros en salaires, loyers et frais divers (dont des ventes fictives de meubles et d’accessoires fitness), une affaire pour laquelle il avait déjà été condamné en 2023 à un an de prison ferme et un an avec sursis. Ses deux peines ont été confondues par le juge.

« Quand je suis devenu maire, mon train de vie a totalement changé […] j’ai été noyé dans un engrenage », déclare aux juges celui qui estimait y avoir perdu au change financièrement. La Voix du Nord précise qu’il dirigeait auparavant une entreprise de courtage lui rapportant 140 000 euros par an. Il est désormais interdit de gérer toute société commerciale ou d’exercer un mandat politique pendant cinq ans.

Dans sa chute, Joffrey Zbierski a entraîné indirectement son ancien directeur général des services (DGS), Philippe Parsy, qui se trouve être également le maire (PS) de la ville voisine d’Annœullin depuis vingt‐cinq ans. Celui‐ci a été condamné par la Cour des comptes à une amende de 1 500 euros pour avoir passé des commandes demandées oralement par le maire, sans produire de traces écrites, ce qui est interdit. Une simple « erreur administrative », selon lui. Mais « après l’affaire Zbierski, Philippe Parsy avait été très affecté et n’était plus capable d’exercer ses fonctions de DGS à la mairie de Provin », croit savoir 

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Publié le

Temps de lecture : 15 minutes

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Par Eden Sakhi-Momen, Matthieu Slisse et Yves Adaken