Football : les troubles affaires de Gérard Lopez

Spéculation sur des joueurs mineurs au Brésil, acquisition du Losc via une société enregistrée aux Iles Vierges Britanniques, tentatives de rachats de clubs tous azimuts . . . Mediacités, Mediapart et France 3 ont enquêté ensemble sur le sulfureux repreneur du club de football lillois, Gérard Lopez, notamment à partir de documents issus des Football Leaks. Révélations.

Gérard Lopez
Mediacités, Mediapart et France 3 Nord-Pas-de-Calais ont enquêté ensemble sur Gérard Lopez, repreneur du Losc ©Jean-Francois Galeron/WRI2/MAXPPP

Les conférences de presse dans le milieu du sport sont souvent des grands moments de langue de bois. « Je n’ai pas trouvé un successeur, j’ai trouvé un ami », a assuré, vendredi 13 janvier, Michel Seydoux devant un parterre de journalistes venus assister à la passation de pouvoir entre le président du Losc et son repreneur, Gérard Lopez. Ce spectacle débordant de bons sentiments ne fera pas oublier le profil sulfureux du nouveau patron du football lillois. En décembre, Mediacités s’inquiétait déjà de la vente du club au businessman hispano‐luxembourgeois. Depuis, la rédaction a poursuivi son enquête, en collaboration avec Mediapart et France 3 Nord‐Pas‐de‐Calais. Les trois médias se sont notamment appuyés sur les Football Leaks, cette base de 18,6 millions de documents révélant les secrets de l’industrie du ballon rond. Le résultat de ces recherches dépeint un portrait peu reluisant du repreneur du Losc.

Gérard Lopez a spéculé sur des joueurs mineurs au Brésil

L’enquête met en lumière l’investissement de l’homme d’affaires dans la tierce‐propriété, ou TPO (third party ownership), méthode de « vente à la découpe » dans laquelle un tiers peut posséder des parts d’un footballeur. Ce système de spéculation au parfum d’esclavage moderne était si décrié qu’il a fini par être interdit par la FIFA en mai 2015. En juin 2012, Gérard Lopez et ses associés créent un fonds nommé MPI. Dédié à la TPO, ce dernier appartient à la société Mangrove Founders, dont le businessman hispano‐luxembourgeois est actionnaire à 37,5%, aux côtés de Hans‐Jürgen Schmitz et d’une société nommée Fedalk Investing, immatriculée aux îles vierges britanniques. En octobre 2013, un deuxième fonds, nommé MPI II & Partners, est mis sur pieds pour investir dans la TPO l’argent fourni par des investisseurs, regroupés au sein d’une mystérieuse fondation néerlandaise, Stichting MPI II. Au total, MPI et MPI II ont investi 6,5 millions d’euros.

Selon nos informations, MPI a acheté les droits économiques d’au moins deux joueurs mineurs. Deux achats réalisés au Brésil. Le premier d’entre eux concerne Alisson Farias. Ce modeste ailier gauche du Sport Club Internacional de Porto Alegre a été prêté au club portugais Grupo Desportivo Estoril Praia, en juillet 2016. Il est décrit …

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Temps de lecture : 10 minutes

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Par Sylvain Morvan, avec Charles Carrasco au Brésil (Rio de Janeiro)

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