À Fives, la grande impunité des marchands de sommeil

Si la réhabilitation amorcée sur la friche Fives Cail ouvre la voie à une certaine gentrification, le cœur du quartier reste marqué par un habitat insalubre et une population très défavorisée. Face à des bailleurs multipropriétaires qui exploitent cette misère, les actions des pouvoirs publics paraissent très insuffisantes.

Taj Mahal – Fives
L’incendie qui s’est déclaré en juin dernier au‐dessus du restaurant Taj Mahal, au 100 rue Pierre Legrand à Fives, a eu lieu dans un immeuble possédé par un marchand de sommeil multipropriétaire. Ses cinq petits logements abritaient une bonne vingtaine d’occupants. Photo : Matthieu Slisse

« À Fives Cail, ils vont avoir Méert… Nous, on a Lidl », lâche Coraline, animatrice à l’Atelier populaire d’urbanisme (APU) de Fives, une association qui accompagne des familles dans leurs difficultés liées au logement. Depuis ses locaux situés en plein cœur de ce quartier populaire de Lille, elle se montre sans illusion sur la gentrification amorcée en 2020 avec la création d’un écoquartier dans le secteur de l’ancienne usine Five Cail. 

De fait, cette rénovation en cours est loin de profiter à tout le monde. Un tour dans les rues Lannoy, Legrand ou encore Philadelphie suffit pour le confirmer. Les façades des immeubles sont décrépites et les logements semblent héberger beaucoup plus de personnes que leur taille ne le laisserait penser. Contrairement aux projets en cours à moins d’un kilomètre de là, aucun parc de cinq hectares, aucune « plantation participative », ni jardins familiaux de prévus pour le cœur de Fives. 

https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2020/01/17/fives-un-village-toujours-prolo-un-peu-bobo/
Un quartier de multipropriétaires
Entièrement pavée, la place centrale de Fives manque clairement de verdure. Et côté commerce, malgré la librairie Bigle&moi et le magasin de retouches Les Petites Fivoises, rue Pierre Legrand, la boboïsation est encore loin. On est pour l’essentiel au cœur d’un quartier en déshérence où vient s’installer une population très précaire, souvent migrante. Les raisons de cette « attractivité » ? Un tissu associatif fort sur lequel ils peuvent s’appuyer. Et des loyers encore accessibles même s’ils sont proposés par des marchands de sommeil.

« Ici, le prix des loyers est très variable, ça varie d’une rue à l’autre et parfois même au sein d’une même rue, relève‐t‐on à l’agence immobilière Domus. Vous ne payez pas le même prix au mètre carré si vous êtes situé au début ou à la fin de la rue Pierre Legrand, par exemple. » D’après le site dédié à l’encadrement des loyers, les prix oscillent entre 9  et 16 euros le mètre carré dans le quartier, pour des logements non meublés, les T2 se louant généralement plus cher que les grands logements. L’écart est encore plus important quand on englobe les logements meublés, les prix pouvant …

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Par Virginie Menvielle