Migrants : fuir Kaboul et les Talibans… et disparaître dans la Manche

Derrière la litanie des annonces de naufrages dans la Manche se cache une réalité insoupçonnée : rapatriement des corps, sous-estimation du nombre des morts, deuil impossible des familles… Retour sur la funeste traversée du 12 août dernier au large de Calais.

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Campement de fortune de migrants afghans à proximité de Calais. Photo Valentina Camu

Des cris dans la nuit noire qui viennent du large. De femmes, d’enfants, de personnes âgées qui ne parviennent pas à se hisser sur une embarcation de fortune. Et puis des corps qu’on retrouve au petit matin sur la digue, chariés par les flots. Ce dimanche 14 janvier, cinq nouveaux migrants sont morts au large de Wimereux (Pas‐de‐Calais), a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar). Un autre est dans un état « d’urgence absolue ». Et on compte 32 rescapés qui, demain, chercheront à nouveau à parcourir la trentaine de kilomètres qui séparent les côtes française de l’Angleterre au péril de leur vie.

Selon le ministère britannique de l’Intérieur, près de 30 000 migrants ont tenté de franchir la Manche en 2023. C’est moins qu’en 2022 (ils étaient 45 774) mais plus que pour toute autre année. L’année dernière, les Afghans étaient la première nationalité représentée avec 20 % des migrants, devant les Iraniens (12 %), les Turcs (11 %), les Erythréens (9 %) ou les Irakiens (9 %). La plupart fuient leur pays pour des raisons économiques. Longtemps tolérante, la Grande‐Bretagne n’en peut plus de les accueillir. Son premier ministre Rishi Sunak a promis de stopper les arrivées. Une promesse bien illusoire…

Derrière les morts, il y a aussi des disparus et le chagrin des familles plongés dans une terrible attente. Un collectif de cinq journalistes et photographes (Maïa Courtois, Simon Mauvieux, Maël Galisson, Nicola Kelly et Valentina Camu) s’est fixé pour mission de retrouver les disparus de la Manche afin de leur redonner une existence. Une tâche ardue, de très longue haleine, qui fait suite à une incroyable recension des migrants morts durant leur périple, amorcé en 2015 et publié sur le site Les Jours.

Mediacités est très heureux de valoriser ce travail au long cours. L’enquête que nous publions ci‐après reconstitue avec minutie les conditions d’un naufrage intervenu dans la nuit du 11 au 12 août 2023. L’un de ces nombreux drames que nous laissons glisser dans l’oubli et qui finissent par nous laisser indifférent. Or derrière la brutalité des statistiques, il y a des hommes et des femmes qui se sont arrachés à leur pays en quête d’une vie meilleure. Cette enquête leur rend un ultime hommage.

Jacques Trentesaux, directeur de la rédaction de Mediacités

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Temps de lecture : 11 minutes

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Par Maïa Courtois, Simon Mauvieux, Maël Galisson et Valentina Camu (pour les photos)