Dans le Nord, l’accueil indigne des mineurs étrangers

Le conseil départemental du Nord assume depuis huit ans de dépenser trois fois moins d’argent pour un mineur étranger que pour un mineur français. D’où un manque criant de moyens qui s’accompagne de conditions d’hébergement parfois scandaleuses et d’un défaut d’encadrement des enfants très inquiétant.

Mineurs isolés
Le 15 avril dernier, des mineurs isolés en attente de confirmation de leur minorité manifestaient à Lille. Mais leur prise en charge une fois ordonnée par la justice s'effectue dans des conditions très précaires. Photo : Radio France/Maxppp

Un plafond éventré menaçant de s’effondrer à tout moment. Des sanitaires dont l’hygiène est plus que douteuse. D’aucuns s’étonneraient que de telles conditions de logement soient admises pour accueillir des mineurs. C’est pourtant bien le cas dans la métropole lilloise où les mineurs étrangers, confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) du Département du Nord, vivent dans des conditions alarmantes.

Certains sont logés en foyer, d’autres en appartement ou en maison. A l’exception de rares associations propriétaires des logements d’accueil, la plupart louent des maisons à des propriétaires privés dans un contexte de précarité du logement social… et parfois même à des marchands de sommeil.

Contrairement aux enfants français confiés à l’ASE, les mineurs non accompagnés (MNA) ne disposent pas d’une maîtresse de maison, c’est‐à‐dire d’un adulte employé, responsable des tâches quotidiennes.

Lahcen*, jeune adulte, se souvient parfaitement de ce moment de sa vie. Arrivé à 15 ans en France, il passe quelques mois dans un campement de fortune avant que sa minorité ne soit confirmée. « J’ai ensuite vécu dans un foyer puis dans une maison, raconte‐t‐il. C’était très difficile, on était trois par chambre. On était seuls, on essayait de se faire à manger et on parlait peu car j’étais le seul francophone. » Il raconte le manque d’entretien, une maison qui s’effrite et les tensions qui règnent. Mais, malgré tout cela, il préfère « dormir dans une maison pourrie, c’est toujours mieux que dehors. »

« Comment peut‐on traiter des enfants ainsi ? »
On connaissait les difficultés des mineurs dont la minorité n’est pas reconnue ou en attente de confirmation. Mais ceux reconnus mineurs et pris en charge par le système, c’est‐à‐dire le Département, ne mènent pas pour autant la vie de château. Le Nord est le département qui accueille le plus de mineurs étrangers en France. En 2023, 765 MNA lui ont été confiés sur décision de justice. Selon l’association Utopia 56, 140 jeunes en attente de reconnaissance dorment à la rue sur le territoire de la métropole lilloise.

« Après avoir fui la guerre pour certains, les Talibans pour d’autres, la pauvreté ; après avoir vécu l’enfer pour arriver jusqu’à nous – certains ont même été violés -, on n’est pas capables de les accueillir dignement, s’insurge Maxime*, éducateur spécialisé qui travaille auprès d’eux. Comment dans le pays des droits de l’Homme, peut‐on traiter des enfants ainsi ? »

L’ASE dans le Nord défraie régulièrement la chronique. Entre enfants …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Profitez de toutes nos enquêtes

Les informations exclusives de Mediacités sont le fruit du travail de nos rédactions locales. Soutenez un média 100% indépendant avec 0% de publicité !
Je m’abonne pour 69 € par an ou 7,90 € par mois

  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • J’empêche les pouvoirs locaux de gouverner en rond
  • Je peux résilier mon abonnement à tout moment et facilement

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 9 minutes

Favorite

Par Nadia Daki