Un plafond éventré menaçant de s’effondrer à tout moment. Des sanitaires dont l’hygiène est plus que douteuse. D’aucuns s’étonneraient que de telles conditions de logement soient admises pour accueillir des mineurs. C’est pourtant bien le cas dans la métropole lilloise où les mineurs étrangers, confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) du Département du Nord, vivent dans des conditions alarmantes.
Certains sont logés en foyer, d’autres en appartement ou en maison. A l’exception de rares associations propriétaires des logements d’accueil, la plupart louent des maisons à des propriétaires privés dans un contexte de précarité du logement social… et parfois même à des marchands de sommeil.
Contrairement aux enfants français confiés à l’ASE, les mineurs non accompagnés (MNA) ne disposent pas d’une maîtresse de maison, c’est‐à‐dire d’un adulte employé, responsable des tâches quotidiennes.
Lahcen*, jeune adulte, se souvient parfaitement de ce moment de sa vie. Arrivé à 15 ans en France, il passe quelques mois dans un campement de fortune avant que sa minorité ne soit confirmée. « J’ai ensuite vécu dans un foyer puis dans une maison, raconte‐t‐il. C’était très difficile, on était trois par chambre. On était seuls, on essayait de se faire à manger et on parlait peu car j’étais le seul francophone. » Il raconte le manque d’entretien, une maison qui s’effrite et les tensions qui règnent. Mais, malgré tout cela, il préfère « dormir dans une maison pourrie, c’est toujours mieux que dehors. »
« Comment peut‐on traiter des enfants ainsi ? »
On connaissait les difficultés des mineurs dont la minorité n’est pas reconnue ou en attente de confirmation. Mais ceux reconnus mineurs et pris en charge par le système, c’est‐à‐dire le Département, ne mènent pas pour autant la vie de château. Le Nord est le département qui accueille le plus de mineurs étrangers en France. En 2023, 765 MNA lui ont été confiés sur décision de justice. Selon l’association Utopia 56, 140 jeunes en attente de reconnaissance dorment à la rue sur le territoire de la métropole lilloise.
« Après avoir fui la guerre pour certains, les Talibans pour d’autres, la pauvreté ; après avoir vécu l’enfer pour arriver jusqu’à nous – certains ont même été violés -, on n’est pas capables de les accueillir dignement, s’insurge Maxime*, éducateur spécialisé qui travaille auprès d’eux. Comment dans le pays des droits de l’Homme, peut‐on traiter des enfants ainsi ? »
L’ASE dans le Nord défraie régulièrement la chronique. Entre enfants …