Jusqu’à peu, Hervé Legros et son entreprise Alila avaient les honneurs des médias. En 2017, un reportage du magazine Capital, diffusé par M6, offrait une vision plutôt complaisante du patron trentenaire. Un géant de près de deux mètres de haut, costume taillé au millimètre et sourire perpétuellement « ultra‐bright », aux allures « de jeune loup de la finance », commentait la voix off. Dans le reportage, Hervé Legros se mettait volontiers en scène. On le voyait déambuler dans les couloirs du siège de son entreprise, à la Cité internationale de Lyon, aux manettes d’un robot de télé‐présence. « Je suis un maniaque du contrôle », lançait Hervé Legros derrière son écran.
« Trente minutes de publicité pour un promoteur immobilier », avait alors épinglé Arrêt sur Images. Nos confrères rappelaient que la fortune du chef d’entreprise lyonnais, basée sur la vente de logements à des bailleurs sociaux, faisait concurrence aux organismes HLM « constructeurs » et avait bénéficié de conditions bien plus favorables au secteur privé qu’aux acteurs publics du logement social.
Qu’importe. Restait le mythe du self‐made‐man parti d’un CAP de plomberie pour bâtir un empire. Le promoteur affichait en 2022 le 12e chiffre d’affaires le plus important du secteur, avec près de 8 000 logements commercialisés par an et promettait d’atteindre bientôt le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Comme sponsor, le nom d’Alila s’est affiché jusque sur les maillots des joueurs de l’Olympique lyonnais. Certes l’homme d’affaire « atypique », « casse les codes » voire « agace », comme le titrait Le Progrès en 2017, mais son histoire restait tout de même belle à raconter. Pour ce qui est de ses coulisses, en revanche…
@AlilaPromoteur renouvelle donc son contrat en tant que partenaire majeur de l’OL pour 2 ans ! @JM_Aulas @LegrosHerve pic.twitter.com/FyQoJaskFW
— Olympique Lyonnais (@OL) October 4, 2016
Perquisitions et garde à vue
Près de six ans après le reportage de Capital, le mythe a du plomb dans l’aile. En février, Hervé Legros a été condamné par les prud’hommes pour le harcèlement moral d’un ancien employé personnel, comme l’a révélé Mediacités. Il a fait appel. Il est aussi mis en cause par plusieurs fournisseurs pour des impayés sur des chantiers pilotés par Alila ou directement pour son domaine particulier, à Ecully, comme nous l’avons également dévoilé.
Surtout, Hervé Legros est visé par une information judiciaire ouverte pour des faits de harcèlement moral et d’abus de bien sociaux. Le 16 janvier dernier, le patron d’Alila et son épouse Géraldine Mazier, également directrice juridique du groupe, ont été placés en garde à vue près de 24 heures, tandis que le siège du groupe et leur domicile étaient perquisitionnés par des dizaines de policiers. A ce stade, ils n’ont pas été mis en examen et sont présumés innocents.
Seize ex‐salariés d’Alila ou d’Hervé Legros à titre personnel ont porté plainte au cours des auditions menées par la police depuis l’automne dernier, selon les informations du Figaro. Mediacités a pu prendre connaissance d’une partie des éléments recueillis par les enquêteurs judiciaires. Leurs témoignages donnent à voir l’envers du décor de la success story d’Alila et de son patron. Ils dépeignent l’ambiance lunaire d’une entreprise de 130 salariés où règne un management « par la terreur ». Où l’on demande chaque matin à l’accueil de quelle humeur est « Monsieur Legros », pour anticiper ses coups de colère et ses sautes d’humeur. Où l’on est licencié en moins de quinze minutes.
Les enquêteurs s’interrogent aussi sur certaines dépenses d’Alila et d’autres entreprises d’Hervé Legros, comme des contrats d’employés de maison, des trajets en jets privés ou des achats de voitures de luxe, pour savoir si elles correspondent à un usage personnel ou professionnel d’Hervé Legros. Sollicités via leur avocat, Hervé Legros et Géraldine Mazier n’ont pas souhaité répondre aux questions écrites envoyées par Mediacités [lire l’encadré En coulisses à la fin de cet article].
Inspection du travail bloquée dans l’ascenseur
L’histoire commence à l’automne 2020, avec une visite de l’inspection du travail au siège d’Alila. Ce contrôle porte d’abord sur la bonne application des mesures Covid. Selon plusieurs témoignages recueillis par Mediacités, Hervé Legros se montrerait à l’époque peu regardant en la matière. Le patron ne porterait quasiment jamais de masque et renâclerait à laisser ses salariés en télétravail, qu’il aurait même qualifié de « télébranlette », selon un ex‐salarié joint par Mediacités.
Deux anciens employés auditionnée par la police, racontent que l’ascenseur aurait été bloqué délibérément pour ralentir l’inspection du travail. L’une d’elles affirme avoir dû écrire une fausse attestation disant qu’elle refusait le télétravail. Elle raconte aussi avoir vu Géraldine Mazier courir dans les couloirs pour distribuer des masques et « cacher » une partie du personnel censé travailler à distance.
« Dès le premier jour, j’ai compris que j’étais arrivée chez les fous »
Au domicile d’Hervé Legros et de son épouse, l’atmosphère ne semblait pas plus détendue. Au cours de son audition, une ancienne employée de maison, qui avait contracté le Covid, a affirmé aux policiers que Géraldine Mazier lui aurait demandé de faire une fausse déclaration à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) à l’été 2021, « pour éviter le congé et le contact tracing » parce qu’elle « partait en vacances ». Un autre ancien employé affirme avoir dû continuer à travailler au domicile d’Hervé Legros alors que le PDG était positif au Covid.
Rapidement, l’inspection du travail étend ses recherches. Elle reviendra à deux reprises interroger des salariés pendant l’hiver 2020–21, avant de signaler le dossier au procureur de la République de Lyon.
Sophie* a été l’une des premières à parler à l’inspectrice. Entendue par la police judiciaire, elle a porté plainte à l’issue de son audition. Cette cadre travaillait au 8e étage du siège d’Alila, le même que le bureau d’Hervé Legros. « Dès le premier jour, j’ai compris que j’étais arrivée chez les fous », raconte‐t‐elle aux enquêteurs, évoquant des réunions au cours desquelles Hervé Legros « disait qu’on [les salariés] était tous des connards ». Dans son audition, elle relate un épisode qui serait survenu dans les couloirs de l’entreprise, au cours duquel Hervé Legros aurait hurlé « casse toi, dégage, je ne veux plus voir ta gueule » à l’un de ses employés. « Il imposait son autorité par la terreur, les intimidations et les menaces », résume‐t‐elle.
Le promoteur Hervé Legros condamné aux prud’hommes pour harcèlement moral
Jointe par Mediacités, Sophie raconte s’être rendue au travail « la boule au ventre » au bout de quelques semaines. Elle affirme avoir pris des anxiolytiques pendant cette période pour lutter contre le stress. Elle dit avoir vu des collègues virés sans ménagement, « dans les cris et les larmes ». Après quelques mois, Sophie serait tombée à son tour en disgrâce auprès d’Hervé Legros. « Il a commencé à me dénigrer lors des réunions, me traitait de menteuse, d’inutile, il disait que je ne servais à rien… Quand on est au bureau de 7h à 20h et qu’on a des bons résultats, c’est dur à encaisser », souffle‐t‐elle.
Jusqu’au jour de son licenciement. « J’ai été virée en quinze minutes », dit‐elle aux policiers. La direction d’Alila lui aurait proposé de signer une rupture conventionnelle ou d’être virée pour faute grave. Elle raconte avoir été mise à pied sur le champ, sans pouvoir approcher son ordinateur ni dire au revoir à ses collègues. Un épisode « d’une violence extrême », estime Sophie, qui conteste depuis son licenciement devant les prud’hommes.
Après son départ, Sophie affirme avoir traversé une grave dépression et s’être réorientée dans un tout autre domaine professionnel. « Ça m’a vraiment abîmée. Cet homme presse les gens, il les abîme, déplore‐t‐elle. Traiter les gens à ce point comme de la merde, ce n’est pas possible. Un jour quelqu’un va se jeter par la fenêtre. »
Licenciement « à l’américaine »
Camille* se serait vue, elle aussi, brutalement remerciée par Alila au terme d’un parcours de quelques mois dans l’entreprise. « Au début, c’est la « lune de miel », raconte‐t‐elle à Mediacités. Hervé Legros vous cajole, vous flatte. » Mais, assez vite, la salariée aurait remarqué les « insultes et les dénigrements » lors des réunions, le peu de respect pour les temps de pause ou les congés. « Ensuite vous devenez une cible, souvent parce que vous avez le malheur d’avoir un avis différent du sien, détaille Camille. Ça commence avec des petites piques en réunion, puis il ne vous adresse plus la parole, donne des consignes contradictoires, et vous met en situation d’échec. Ce qui lui permet ensuite de vous hurler que vous ne servez à rien. A la fin, vous devenez son défouloir. »
Comme Sophie, Camille aurait été licenciée « à l’américaine », raconte‐t‐elle : « A 11h, vous êtes mise à pied, à midi vous n’avez plus accès à vos mails. La RH vous amène un petit carton pour mettre vos affaires et vous raccompagne dans l’ascenseur. » « Cette entreprise, c’est un manège, le turn‐over est très important », analyse encore l’ancienne salariée, qui a été entendue par la police et envisage désormais de porter plainte. Elle affirme avoir développé « un syndrome dépressif » après son passage chez Alila. « Hervé Legros sape votre estime de vous même, c’est très violent. Je suis méfiante envers les autres employeurs désormais », conclut‐elle.
« J’étais leur larbin »
Plusieurs employées de maison du couple Legros‐Mazier, ont aussi été auditionnés par les enquêteurs. Gouvernante, jardinier, assistant personnel, « house manager », nounou, gardiens, chauffeur… Une petite armée s’occupe de leurs deux propriétés dans l’Ouest lyonnais. Le couple y possède sa résidence principale, ainsi qu’un domaine de 5,5 hectares situé trois kilomètres plus loin. Un immense terrain avec château en cours de rénovation et deux villas, l’une pour loger du personnel, l’autre faisant office de maison de weekend pour la famille. Sans oublier une ferme, avec ses ânes, lapins, tortue et autres alpagas.
Plusieurs anciens employées contactés par Mediacités décrivent un couple maniaque de la propreté, capable d’envoyer une photo à la moindre trace d’eau sur les vitres ou traquant les miettes restées au sol. « Ils veulent les prestations d’un hôtel 5 étoiles. Une toile d’araignée, un bibelot mal rangé sur un meuble, et vous vous prenez tout de suite une salve de remarques », se souvient l’une d’entre elles.
Auditionnée également par les enquêteurs, Blandine* a elle aussi porté plainte. Devant les policiers, copies de messages et de textos à l’appui, elle a indiqué avoir dû travailler « le weekend, les jours fériés et la nuit » ou pendant ses congés, pour gérer le domicile de la famille. Elle estime avoir réalisé près de 1 200 heures impayées en dix mois. « Elle m’obligeait à faire ses lacets », raconte‐t‐elle en audition au sujet de Géraldine Mazier. « J’étais leur larbin », résume‐t‐elle. Jointe par Mediacités, elle affirme avoir craqué à plusieurs reprises, en pleurs.

Flicage et claquements de doigts
Habitant la villa du personnel, située dans le domaine d’Ecully, toutes ses allées et venues étaient notées dans un cahier par le personnel de sécurité. « Arrivée de [Blandine*] avec trois copines », mentionne ainsi le registre consulté par Mediacités, un samedi. Une surveillance perçue comme un « flicage », qui renforce son impression de n’avoir « aucune vie privée ».
Selon elle, la goutte d’eau serait arrivée à l’été 2021. Alors qu’elle dispose de deux semaines de congés, l’employée aurait été sollicitée sur son portable personnel par Géraldine Mazier et se serait retrouvée contrainte d’organiser les vacances du couple au Monténégro, où il loue un yacht. A bout, Blandine sera placée en arrêt maladie, puis déclarée inapte après un rendez‐vous avec la médecine du travail quelques mois plus tard, ce qui entraîne son licenciement. Elle quitte son métier, qu’elle exerçait depuis quinze ans. A l’été 2022, elle a saisi les prud’hommes. « Ils ont perdu pied avec la réalité », estime‐t‐elle avec le recul au sujet du couple Legros‐Mazier.
Pour son manoir d’Écully non plus, le patron d’Alila ne paie pas ses factures
Ces témoignages viennent corroborer celui de l’ancien collaborateur personnel d’Hervé Legros qui a obtenu la reconnaissance d’un harcèlement moral devant les prud’hommes de Lyon en février dernier – comme mentionné plus haut, Hervé Legros a fait appel de ce jugement. Entendu par les enquêteurs judiciaires, l’ancien employé a lui aussi porté plainte, évoquant notamment une charge de travail bien plus importante que ce prévoyait ses contrats.
Dans sa décision, le conseil de prud’hommes cite plusieurs témoins, dont une ancienne cadre d’Alila, qui indique avoir vu Hervé Legros « claquer des doigts et siffler » pour appeler son employé et décrit un « un climat de terreur et de stress permanent ». « Ces témoignages directs démontrent à eux seuls que Monsieur [l’ancien collaborateur d’Hervé Legros] subissait des insultes, des humiliations et des pressions de la part de Monsieur Legros et de sa conjointe », a estimé le conseil des prud’hommes.
Rare sont les employés d’Hervé Legros joints par Mediacités à se montrer plus cléments. C’est toutefois le cas de son chauffeur, un indépendant qui travaille également pour des joueurs de foot de l’Olympique lyonnais. Ce dernier, qui décrit Hervé Legros comme « une personne amusante », voit dans ces témoignages la parole d’« hypocrites et de traîtres » qui souhaitent dénigrer leur ancien patron pour « gratter de l’argent ».
« Les gens sont à découvert chaque mois »
Les investigations des enquêteurs portent aussi sur des soupçons d’abus de bien sociaux. Un délit complexe, qui consiste pour un dirigeant à utiliser de « mauvaise foi » les biens ou moyens de sa société à des fins personnelles, contraires à l’intérêt de l’entreprise.
Comme Mediacités l’a déjà raconté, plusieurs employés personnels d’Hervé Legros ont été embauchés via un double contrat : une partie de leur rémunération était prise en charge par HPL Groupe, la holding à la tête d’Alila. Grâce à ce montage, Hervé Legros a‑t‐il fait porté par son entreprise la rémunération de ses employés domestiques ? Devant les policiers, Blandine*, qui avait signé deux CDI – l’un avec Hervé Legros, l’autre avec HPL Groupe – affirme en tout cas avoir « exercé uniquement » comme employée de maison.
En toile de fond, se dessine aussi le train de vie époustouflant du couple Legros‐Mazier. Dans le microcosme lyonnais, la réputation de flambeur d’Hervé Legros est largement connue. L’homme est amateur de costumes haut de gamme et ne s’en cache pas. Une ancienne salariée d’Alila se souviendrait l’avoir entendu se vanter de faire un aller‐retour en jet privé en Italie pour s’acheter une paire de chaussures. La famille mène un quotidien luxueux : vêtements estampillés Balmain, Valentino ou Versace, vacances aux Maldives, location de yachts…
Porsche, Ferrari, Rolls Royce…
Selon des documents en possession des enquêteurs judiciaires et consultés par Mediacités, le garage familial s’est aussi considérablement garni ces dernières années : deux Porsche, deux Ferrari, une Rolls Royce, une Audi, deux BMW… Au total une dizaine de véhicules, avec des prix d’achat théoriques pouvant dépasser les 300 000 euros pour certains.
Ces voitures auraient été achetées ou acquises en leasing via Alila, HPL groupe ou la société Bagheera. Créée en 2018 par HPL Groupe, qui a apporté 100 000 euros de capital, la société Bagheera a pour objet l’achat et la revente « de tous biens et produits et notamment de biens de valeur et de collection (véhicules, œuvres d’art, vins ou spiritueux, etc.) », selon ses statuts constitutifs.
La pratique n’est pas forcément illégale, par exemple dans l’hypothèse où Hervé Legros aurait conclu une convention de mise à disposition avec ses entreprises. L’a‐t‐il fait ? Ou a‑t‐il remboursé après coup certaines dépenses ? Interrogé sur ces points, il ne nous a pas répondu.
Reste que cette accumulation de bolides détonne dans le secteur d’activité d’Alila : « Peut‐on rouler en Ferrari en vendant du logement social ? Jusqu’à quelle limite est‐il éthiquement tolérable de s’enrichir auprès d’un public (très) modeste et grâce aux subsides publics », interrogeait déjà le magazine Acteurs de l’économie en 2017, dans une enquête sur Hervé Legros. D’autant que, en public, le promoteur se fait volontiers le défenseur des moins aisés. « Les gens sont à découvert chaque mois », rappelait‐il l’été dernier dans une interview à Lyon Mag. Il interpellait alors sur la « bombe sociale » du logement en France, un bien « de première nécessité », plaidait‐il déjà sur Europe 1 un an plus tôt.
Le chef d’entreprise est aussi un grand amateur de jets privés, qu’il utilise presque chaque mercredi au départ de l’aéroport de Bron pour visiter les agences d’Alila partout en France. Mais certains trajets pourraient correspondre à des déplacements personnels.
C’est le cas d’un aller‐retour Lyon‐Paris entre décembre 2020 et janvier 2021, pendant les fêtes de fin d’année. Ces vols coïncident avec le début et la fin des vacances de la famille, qui se rend cette année‐là aux Maldives (via Dubaï), au départ de Paris. Les deux factures ont été adressées à Alila Promotion, pour un total de plus de 22 000 euros. Alors même que le reste du trajet, notamment l’affrètement d’un jet de Dubaï à une île des Maldives, d’un montant de 119 000 euros, a été facturé directement à Hervé Legros.
Là encore, ces trajets ne sont pas forcément illégaux, par exemple dans le cas où Hervé Legros serait en mesure de démontrer qu’il avait des rendez‐vous professionnels à Paris à ces dates‐là. Encore une fois, le patron d’Alila n’a pas souhaité apporter de précision à ce sujet.

Autre exemple : en avril 2021, un jet privé Lyon‐Cannes emporte à son bord Géraldine Mazier, les deux enfants du couple et trois autres employés d’Alila. Selon nos informations, Géraldine Mazier et ses enfants se seraient alors rendus dans le Var pour acheter des ânes miniatures chez un éleveur du Verdon pour la ferme de leur domaine d’Ecully. Là encore, la réservation et la confirmation de vol, d’un montant de près de 11 000 euros, sont adressées à Alila. Interrogés sur leur utilisation des jets privés, Hervé Legros et Géraldine Mazier n’ont pas répondu à nos questions.
En pleine tourmente depuis les perquisitions et les gardes à vue de janvier, la communication d’Alila, en général tournée vers les photos de grues ou de coupages de ruban, fait de la place aux salariés ces dernières semaines. Le 9 mars dernier (au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes), le compte Twitter du promoteur immobilier a diffusé une vidéo à la gloire des collaboratrices du groupe. A l’occasion du Mipim de Cannes, le grand salon de l’immobilier, une vidéo publiée par Alila mettait en avant les partenariats de sa fondation avec l’association Habitat et Humanisme ou avec l’Olympique lyonnais. Quelques jours auparavant, Alila publiait des photos des équipes du siège en pleine séance sportive : « #TeamBuilding ». Un hashtag pour espérer faire oublier la tempête judiciaire.
Deux semaines avant la publication de cet article, Mediacités a envoyé une liste de questions précises à l’avocat d’Hervé Legros, Alain Jakubowicz. Ce dernier nous a fait parvenir la réponse suivante :
« Il ne vous aura pas échappé que les accusations auxquelles vous faites référence font l’objet d’une enquête consécutive à la rapide garde à vue de mon client, Monsieur Hervé Legros. Les enquêtes et procédures judiciaires se mènent dans les enceintes de justice et dans le respect des dispositions du code de procédure pénale, pas dans les médias. Monsieur Legros répondra aux questions qui lui seront posées par les autorités habilitées à le faire. Ne comptez pas sur lui pour alimenter votre chronique. »
Au passage, Alain Jakubowicz menace notre journal de poursuites judiciaires en diffamation.
Alila, l’envers du décor : (re)lire nos précédentes enquêtes et révélations
- Le promoteur Hervé Legros condamné aux prud’hommes pour harcèlement moral (2 mars 2023)
- Pour son manoir d’Écully non plus, le patron d’Alila ne paie pas ses factures (28 février 2023)
- Factures impayées et sous‐traitants en faillite : l’autre scandale du promoteur immobilier Alila (7 février 2023)
Procès‐bâillons : Alila s’acharne contre Mediacités
Suite à nos révélations, dont l’article que vous venez de lire, le promoteur immobilier a intenté deux procès à Mediacités. Ces procédures‐bâillons n’ont d’autre but que de nous épuiser financièrement et de nous empêcher de continuer à enquêter.
Procès‐bâillons : le promoteur immobilier Alila s’acharne contre Mediacités
Vous pouvez aider Mediacités à résister à Alila – nos frais de justice pour nous défendre face au promoteur s’élèveront à 5000 euros – en effectuant un don défiscalisé, à hauteur de 66% à notre journal. Merci.
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Dossier lié
Alila : l’envers d’une success story
6 articles
Ces 6 articles de l’affaire Alila me rappellent les mots d’André Comte Sponville, philosophe intervenant depuis de nombreuses années auprès des managers. L’entreprise, selon lui, ne peut pas être éthique, mais ceux qui y travaillent et spécialement ceux qui la dirigent peuvent heureusement l’être…..ou pas !
La coupe est pleine, inutile d’en rajouter.
Mais il ne faudrait pas que le pétage de plombs de M. Legros attire toute la lumière sur lui et évite à Médiacités de s’interroger sur le fond du problème, rapidement évoqué : « Est‐il éthique de s’enrichir à ce point auprès d’un public trés modeste et grâce aux subsides publics ? « .
En l’espace d’une dizaine d’années se sont constituées, à partir de rien (!), de nombreuses sociétés dont l’objet principal est de vendre aux organismes HLM des immeubles neufs qu’ils auraient pu tout à fait construire eux‐même. Si elles n’ont peut‐être pas toutes sombré dans les excès d’Alila, elles ont néanmoins beaucoup de points communs…
Le décryptage de ce nouvel eldorado (il y a encore 15 ans ce type de business était tout simplement strictement interdit) ne serait pas inutile…