Faire le trajet à pied, son bébé en bandoulière, serait trop usant pour elle. Pour se déplacer dans Saint‐Brévin‐les‐Pins, Marie, aidée ce jour‐là d’un ami pour porter des affaires, emprunte les navettes gratuites circulant dans la commune. Cinq ou six kilomètres séparent le cœur du bourg de sa destination, plus au sud, desservie toutes les deux heures : le centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). Originaire de Guinée, elle y est arrivée quelques jours avant Noël dernier. Sans savoir combien de temps elle allait y rester. « J’attends la réponse de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) », répète aujourd’hui encore la jeune femme de 25 ans.
Sa vie ici ? « Ça se passe bien », décrit‐elle, vaguement consciente des événements qui ont secoué l’an passé la commune d’environ 15 000 habitants : « On a entendu que les blancs qui sont là ne voulaient pas voir les noirs ici. Depuis, ça va, il n’y a aucun problème avec les voisins. » Mais la prudence reste de mise. « Pas de photo des personnes ! », apostrophe une autre femme hébergée au centre à la vue de notre appareil, tandis que quelques enfants s’amusent sur leur vélo. Marie et les autres mamans du Cada préfèrent rester « vigilantes » lorsque ces derniers jouent dans la cour du centre : « Parce que c’est pas facile, quand tu es dans un quartier avec des gens qui n’acceptent pas. »