C’est une grande forêt au cœur de la métropole lilloise. Pour la longer entièrement, il faudrait marcher près de deux semaines, à raison de dix heures par jour, et parcourir 1 300 kilomètres. Les arbres qui s’y développent depuis une cinquantaine d’années constituent un continuum végétal très dense et une formidable réserve de biodiversité. Mais cette forêt, tout le monde passe à côté sans la voir vraiment. « Elle s’est constituée le long des grandes infrastructures de transport, au bord des autoroutes, de la ligne TGV, du canal à grand gabarit, sur les accotements, les talus, les espaces en friche », détaille le paysagiste Denis Delbaere.
Cet enseignant-chercheur a commencé à cartographier les espaces délaissés de la métropole en 2011, grâce à un financement du ministère de l'Écologie. Il a embarqué dans l’histoire des paysagistes, botanistes, artistes, géographes, urbanistes et écologues. Réunis au sein du collectif Likoto (Lille-Kortrijk-Tournai), ces chercheurs organisent régulièrement des “randonnées scientifiques” qui durent plusieurs jours.
Ils veulent maintenant prouver qu’il est possible de tirer parti de cette « trame verte spontanée » nichée dans les interstices urbains. Le collectif va ainsi exploiter cinq sites pilotes d’ici 2024 : un à Tournai, deux à Lambersart (près des lotissements de la Cessoie et des Conquérants), un à Roubaix et le dernier à Lys-lez-Lannoy, près du giratoire de la M700, la voie rapide qui contourne l’est de la métropole.