Soutien au journal breton Le Poher, victime de menaces de mort

Nos confrères de l'hebdomadaire du centre-Bretagne Le Poher sont menacés suite à leur couverture de la situation à Callac, où des groupuscules d'extrême droite se sont violemment opposés à l'accueil de réfugiés. Avec des dizaines de médias et d'organisations de Bretagne et d'ailleurs, Mediacités s'élève avec force contre ces graves menaces et intimidations qui visent à bâillonner la presse.

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Illustration Jean-Paul Van Der Elst.

Nos consœurs et confrères de l’hebdomadaire centre‐breton Le Poher ont été visés par des menaces de mort. La raison ? Ils avaient rendu compte de la situation à Callac (Côtes d’Armor) où des groupuscules d’extrême droite se sont violemment opposés à l’accueil de réfugiés.

Le Club de la Presse de Bretagne et l’ensemble des signataires de ce texte expriment leur vif soutien à la rédaction du Poher et s’inquiètent des tentatives répétées d’attenter à la liberté d’informer. 

Le 31 janvier, le rédacteur en chef du Poher, Erwan Chartier, reçoit un courriel anonyme à connotation raciste et homophobe promettant de le « crever ». Le 8 février, un homme joint le journal pour demander à quelle heure il peut passer pour « mettre une balle dans la tête » du rédacteur en chef et de l’agent chargée de l’accueil qui a décroché. Le 20 février, une personne appelle dès l’ouverture des bureaux pour annoncer avoir « mis une bombe dans la rédaction », entraînant l’évacuation des locaux et l’intervention des démineurs, qui n’ont heureusement rien trouvé.

Douze plaintes déposées

Parallèlement, les animateurs d’un site web et opposants à l’accueil des réfugiés à Callac ont mis en avant les noms et photos de journalistes du Poher, les exposant à la vindicte de leurs lecteurs. Une précédente plainte pour diffamation et injure publique conduira certains membres de cette mouvance devant la justice début mars.

Une journaliste ayant couvert cette actualité pour France 3 Bretagne a également été prise pour cible puis cyberharcelée. Plusieurs plaintes ont aussi été déposées par notre consœur et son média.

« Ces menaces semblent s’inscrire dans une campagne d’intimidation de l’ultradroite », analyse Erwan Chartier. Avant les journalistes, des élus et des habitants de Callac ont déjà fait l’objet de calomnies et de menaces non signées. Le procureur de la République de Saint‐Brieuc a reconnu dans Mediapart que douze plaintes ont été déposées.

Faire respecter l’État de droit

Ces multiples formes d’intimidation doivent cesser et leurs auteurs doivent répondre de leurs actes. La liberté d’expression n’est pas la liberté d’oppression. Face à ces faits graves, nous, journalistes de Bretagne et d’ailleurs, réaffirmons notre solidarité avec les personnes menacées.

Fidèle à sa mission de défense des journalistes et de la liberté de la presse, le Club de la Presse de Bretagne demande aux pouvoirs publics de faire respecter la loi et de prendre leurs responsabilités.

L’exercice du journalisme, ne peut s’exercer sereinement dans la peur. Nous invitons tous les confrères et directeurs de publication soucieux des conditions d’exercice du métier et de la liberté de la presse, mais aussi les citoyens à solidairement opposer un mur de refus face à des comportements d’un autre temps.

Les premiers signataires :

Club de la Presse de Bretagne, Actu.fr, Bikini mag, Bretagne 5, Canal ti zef, CGT-ouestmedias.com, CFDT‐Journalistes, CFDT Ouest‐France, Club de la presse Auvergne, Club de la presse d’Anjou, Club de la presse des pays de Savoie, Club de la presse de Strasbourg, Club de la presse Drôme Ardèche, Club de la presse du Gard, Club de la presse du Limousin, Club de la presse du Périgord, Club de la presse du Var, Corlab, Dispak, Éditions du Boisbaudry, France 3 Bretagne, France Bleu Breizh Izel, Internep ouest info, IUT de Lannion, la Chronique républicaine, La Maison écologique, le Cri de l’ormeau, le Mensuel de rennes, l’Imprimerie nocturne, Mapinfo, Mediacités, Pays, Press pepper, Produits de la mer, Publihebdos, radio Breizh, radio Bro gwened, radio Kerne, radio Kreizh breizh, radio Naoned, RCF Finistère, S3C CFDT, Sciences Po Rennes, SNJ, SNJ‐CGT, SGJ‐FO, SNJ Ouest‐France, Tébéo, Tébésud, TVR, Unidivers, Unmondemeilleur.info, UPC2F, Sans transition !, Splann!, Ya!.

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  • Profondément choquée par ces faits, je soutiens la liberté de la presse, en général, et « Le Poher », en particulier, face à cette situation inédite en Bretagne.
    Ceci dit, je vis dans cette région depuis plus de 20 ans et je suis toujours étonnée du résultat des urnes. En effet, le vote d’extrême droite reste « modéré » , par rapport à d’autres régions, et pourtant, moi qui ai vécu dans de multiples endroits de France, je trouve la population bretonne, particulièrement et/ou singulièrement, xénophobe, raciste, antisémite et homophobe. Ceci de manière ordinaire, j’ai l’impression que les mentalités n’ont pas évoluées à la hauteur du pays, j’entends ici des réflexions, des expressions que l’on n’entend plus, et depuis longtemps, ailleurs.
    Concernant la liberté d’expression, il y aurait beaucoup à dire ! Que penser de l’existence d’une chaîne telle que CNEWS ou d’émission telle que celle d’HANOUNA sur C8 ? … Pourquoi les pouvoirs publics ne condamnent ils pas les infractions quotidiennes ( Loi n° 2008–496 du 27 mai 2008 portant sur la lutte contre les discriminations) commises par ces instances ?

  • Il y a toujours eu des fachos depuis la nuit des temps. Il faut se souvenir des milices lors de l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale
    Mais il ne faut pas oublier que dans notre histoire politique c’est François Mitterrand qui a laissé se développer le Front national pour mettre des bâtons dans la droite qui aujourd’hui n’arrive pas à s’en dépêtrer!!!

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Par La rédaction de Mediacités