Moins de camions sur les routes pour un transport de marchandises plus vert, c’est la promesse du canal Seine‐Nord Europe. Ce méga‐chantier d’autoroute fluviale censé représenter « le chaînon manquant » entre les ports nord‐européens et la Seine, se poursuit dans le Nord autour de Cambrai. Le fluvial, qui émet cinq fois moins de CO2 que la route, ne représente que 2 à 3 % du transport de marchandises aujourd’hui. La marge de progression est immense mais encore faut‐il avoir les moyens de permettre ce report modal de la route vers l’eau du canal.
Le nouveau canal, qui doit désengorger en priorité l’A1, autoroute la plus fréquentée d’Europe, prévoit des ponts d’une hauteur de 7 mètres pour faire circuler des péniches avec trois hauteurs de conteneurs. Le hic, c’est que ce tronçon de 107 kilomètres s’insère dans un réseau beaucoup plus large, la liaison Seine‐Escaut, qui ne permet pas à de tels bateaux de passer sous les ponts en amont et en aval du canal. Ils sont trop bas.
Cette liaison s’étendant sur 1100 kilomètres relie l’Escaut, fleuve européen traversant la France, la Belgique et les Pays‐Bas, à la Seine. C’est à cette échelle qu’il faut dézoomer pour observer l’utilité du projet dans son ensemble. Il faudrait rehausser entre 150 et 220 ponts (suivant les itinéraires) pour espérer pouvoir être compétitif face aux camions sur le transport de conteneurs. Des « verrous techniques », selon Voies Navigables de France, à la circulation des bateaux de grande taille.
Ces travaux pourraient encore alourdir la facture d’un projet déjà très onéreux et dont le coût initial estimé à 5,1 milliards d’euros hors taxes est en cours de réévaluation. La pandémie de …