Expressions du mal-être et de la colère des Français lors du mouvement des Gilets Jaunes, les cahiers de doléances n’ont jamais été publiés. Un groupe de travail à l’Assemblée nationale y œuvrait depuis plusieurs mois… mais ses travaux viennent d’être interrompus.
Le 11 mars dernier, les députés adoptaient – à l’unanimité ! – une résolution visant à « encourager et financer la finalisation de la numérisation de chaque cahier de doléances » du Grand débat national de 2019. Six mois plus tard, quatre députés, membres d’un groupe de travail à ce sujet, ont annoncé par communiqué ce 15 septembre que leurs réunions étaient purement et simplement annulées.
« Le motif, qui nous apparaît comme un prétexte est qu’un ministre chargé des seules affaires courantes n’aurait pas mandat pour avancer sur ce dossier », détaillent Arthur Delaporte (LFI), Arnaud Le Gall (LFI), Marie Pochon (Ecologiste) et Nicolas Sansu (PCF). Il s’agit d’une conséquence inattendue – et surtout opportune ? – de la chute du gouvernement Bayrou. En avril 2019, c’est l’incendie de la cathédrale Notre‐Dame de Paris qui avait entraîné l’annulation de la grande restitution prévue par Emmanuel Macron.
« Un énorme sentiment de gâchis »
Cinq ans après leurs rédactions, une partie seulement des 19 247 cahiers citoyens ouverts dans 16 337 communes sont consultables aux archives départementales. La journaliste Hélène Desplanques est la première à avoir mis en lumière ce « trésor national » dans un documentaire. « Quand je lisais ces textes, ils me traversaient de façon vraiment intense, ils montraient la puissance de l’intelligence collective, avait‐elle confié à Mediacités. Et je me suis dit : “Mais en fait, personne n’a jamais lu ce que …