Comment Collomb a désactivé le PS du Rhône

Minoritaire au PS avant de devenir maire de Lyon, l’actuel ministre de l’Intérieur n’a cessé d’investir dans le parti pour le contrôler et le vassaliser. Avant de se mettre "En Marche" et de laisser la fédération socialiste du Rhône sur le bord du chemin... Retour en cinq actes sur une stratégie initiée il y a plus de 20 ans.

FRA Socialist Party University of the Engagement in Lyon
Gerard Collomb et Jean-Christophe Cambadelis, alors Premier secrétaire du PS, en 2016. L'ex-maire de Lyon a pris le contrôle du parti localement pour mieux l'anesthésier. Photo : Sipa.

C’est Ubu premier secrétaire. En cette fin 2016 – sous la pression de certains grands élus –, David Kimelfeld renonce à organiser la primaire de la Belle alliance populaire dans le Rhône. Cohérent pour ce fidèle de Gérard Collomb, soutien d’Emmanuel Macron, qui a clamé qu’il ne participerait pas au scrutin. Mais, logiquement, il devrait abandonner son poste de premier secrétaire fédéral du PS… Eh bien non ! Un pied dehors, un pied dedans, il demeurera macroniste militant et « premier des socialistes » jusqu’en juillet dernier. Soit après la présidentielle et les législatives.

« Cela lui a permis de continuer à contrôler l’appareil et d’éviter l’émergence d’un autre pôle », constate l’élu villeurbannais Yann Crombecque, qui siège au bureau fédéral depuis 1990. Mission accomplie : le PS ne présente que six candidats – dont aucun à Lyon – sur les 14 circonscriptions du Rhône ; le mouvement En Marche, lui, réussit le grand chelem dans la Métropole (12 députés sur 12). Voilà « la Collombie » à son apogée. Et pourtant, à l’origine, ce n’était pas gagné. Retour sur une anesthésie en cinq dates.

2001 : De la banlieue rose à la prise de Lyon

Proche de Pierre Mauroy dans les années 1970 et 1980, Gérard Collomb navigue – minoritaire voire « moqué » – dans une fédération historiquement mitterrandiste. Autour de figures comme Charles Hernu (Villeurbanne), Franck Serusclat (Saint‐Fons), Jean Poperen (Meyzieu) ou Roland Bernard (Oullins), le PS du Rhône demeure tout à sa stratégie de ceinture avec la « banlieue rose » de l’Est lyonnais au détriment de la ville‐centre réputée ingagnable.

En 1995, Gérard Collomb doit même batailler pour obtenir l’investiture du PS aux municipales à Lyon. Jean‐Louis Touraine lui dispute en interne la conduite des listes. « Gérard Collomb l’emporte avec 60% des voix et respecte cet équilibre chez ses colistiers. Touraine et les élus du 8e arrondissement vont longtemps vivre sur cet acquis. Mais c’est la dernière fois que le futur maire de Lyon transige sur la proportionnelle dans le choix des candidats », sourit Jules Joassard. Chef de file local de l’aile gauche du PS et hamoniste de toujours, il est bien placé pour en parler : en 2008, malgré leur poids, ses camarades ont été éradiqués des listes lyonnaises.

La victoire aux municipales de 2001 marque un changement. Nouveaux élus et collaborateurs peuplent les sections lyonnaises du PS qui prennent tout à coup du poids dans la fédération. « Contrairement à d’autres barons, Collomb ne s’est jamais désintéressé du parti. Il en a pris le contrôle pour imposer ses vues », lui reconnaît Jules Joassard. A l’inverse d’un Jean‐Jack Queyranne, qui n’a jamais investi l’appareil – ce qui a pu lui nuire. « Collomb sait ce que c’est de tenir une section, une fédé. Je me souviens de lui dans les années 1990 prenant le …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Temps de lecture : 10 minutes

Favorite

Par Alexandre Buisine

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 90% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes