Il y a des rencontres improbables qui entrent en résonance avec les sujets qu’on traite. Lourdement chargée à la sortie d’un supermarché toulousain, Marie demande à être covoiturée jusqu’à chez elle. Pendant les quelques minutes du trajet, cette quinquagénaire raconte son quotidien confiné d’assistante maternelle « dont on ne parle jamais ». Un travail qu’elle a dû poursuivre malgré l’absence de masque fourni par son employeur, avec parfois six enfants à sa garde au lieu des trois habituels. « Heureusement que je suis prévoyante. Quand j’ai vu l’épidémie en Chine, j’ai acheté des masques et un gros flacon de gel hydroalcoolique, raconte‐t‐elle. Mais bien sûr, j’avais peur de l’attraper. »
Le récit de Marie ressemble en tous points aux 42 témoignages d’ouvriers et d’employés recueillis par sept chercheurs en sociologie des universités de Toulouse, Albi, Nice et l’École des Mines de Paris dans le cadre du projet de recherche Maskovid. Ils sont extraits des 3 000 réponses à un questionnaire mis en ligne en avril. Aides‐soignantes, chauffeurs routiers ou de bus, livreurs, éboueurs, caissières, agents d’entretien, agents hospitaliers ou auxiliaires à domicile et personnels des maisons de retraite, ces métiers peu valorisés font tourner la société. « Ces premiers de corvée, pour faire un clin d …