Sortir de l’enfance pour devenir SDF : le scénario noir devient réalité

Le département du Nord a quasiment mis fin à la possibilité pour les jeunes de 18 à 21 ans d'être hébergés dans un foyer pour enfants ou en famille d’accueil. Deux ans après cette décision, les professionnels dénoncent la mise en danger d'une population privée brutalement de protection pour cause de majorité.

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Entre 2010 à 2017, plusieurs dizaines d'enfants ont été placés illégalement par le Département du Nord. Radio France et Mediapart révèlent des faits violences. Plusieurs des victimes potentielles n'ont pas encore été retrouvées. Photo d'illustration Juliette Duclos.

Ses affaires sous le bras, Louis sort du foyer de l’enfance à Armentières où il habite. Ce soir, pas le choix. Il passera la nuit sur le canapé d’un copain. C’était le 17 juin 2017. « Je m’en souviens parce que c’était un mois et un jour exactement après l’anniversaire de nos 18 ans », raconte Morgane, sa sœur jumelle, d’une voix sourde. Depuis, la galère s’est poursuivie pour Louis qui dort dehors lorsqu’il ne trouve pas à squatter chez quelqu’un. Placés en famille d’accueil pendant cinq ans, les jumeaux avaient intégré un foyer quelques mois avant leur majorité. Mais Louis n’a pas pu y rester, contrairement à sa sœur. « Il a commencé un CAP, il a arrêté, raconte Morgane. Il a commencé un contrat d’apprentissage, il a arrêté aussi. Il trouvait pas son milieu, ce qu’il aimait faire… »

Sans projet professionnel, il est désormais très compliqué de bénéficier d’une place dans un établissement d’accueil. C’est le résultat d’une délibération cadre portant sur la prévention et la protection de l’enfance, adoptée le 17 décembre 2015 par le conseil département du Nord, qui a amorcé la fin de l’Accueil provisoire jeune majeur (APJM). Cette prestation sociale, qui permettait de prolonger la prise en charge de jeunes majeurs jusqu’à leurs 21 ans, est dorénavant distribuée au « compte‐goutte » et pour de courtes durées, racontent les associations. « Si on n’a pas ça, on ne peut plus rien faire, lâche …

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Publié le

Temps de lecture : 7 minutes

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Par Juliette Duclos

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