La Sauvegarde, laboratoire social‐libéral de Christophe Itier

Le Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire s’est fait un nom en gérant comme une entreprise la principale association de protection de l’enfance du Nord. Non sans susciter de farouches oppositions. Deuxième volet de notre enquête.

Itier_FrenchImpact
Christophe Itier, Haut-commissaire à l'Economie sociale et solidaire et à l'innovation sociale, présente l'accélérateur national d'innovation sociale, le 18 janvier 2018. Photo : IP3 PRESS/MAXPPP

Les « Men in black » : c’est ainsi que les syndicalistes de la Sauvegarde du Nord désignent les deux auditeurs qui débarquent en 2009 pour ausculter leur association. Sous les costards‐cravates sombres, Jean‐Yves Morrisset, actuel dirigeant du cabinet Deloitte à Lille, et… Christophe Itier. Après son départ du Conseil régional et un passage de quelques années à l’IRCEM, un organisme de retraite complémentaire pour les salariés des services à la personne dont il est parti brutalement, l’homme a acquis un profil de technocrate qui lui a valu d’être « chassé » par Deloitte. Ce cabinet d’audit et de conseil cherche des experts capables de « parler la langue » des collectivités. Les plans d’austérité à l’oeuvre dans la fonction publique offrent, en effet, de nouveaux marchés aux consultants.

« C’est parce qu’il est public qu’il est nécessaire de bien gérer l’argent des collectivités et des associations », martèle encore aujourd’hui Christophe Itier. En quatre ans chez Deloitte, il dispense ses conseils de rigueur à des associations d’aide aux jeunes handicapés ou en difficulté comme l’AFEJI et l’AAE ; à des municipalités (Eu, Le Tréport) ; ou à une agence de développement des technologies numériques (Digiport)… Jusqu’à ce que La Sauvegarde du Nord, l’une des plus importantes associations de protection de l’enfance du Nord en termes d’effectifs comme de bénéficiaires, lui donne l’occasion de mettre en musique ses conseils de gestion. 
Choc managérial à La Sauvegarde
En 2009, La Sauvegarde perd de l’argent. Un audit est commandé à Deloitte. Un peu pour l’aider à redresser ses comptes mais, surtout, pour pousser le directeur, Gérard Tonnelet, vers la sortie, car il est en conflit ouvert avec le président, Jean‐Pierre Blavoet. Une fois le rapport remis, le conseil d’administration propose au consultant Christophe Itier d’appliquer ses propres préconisations et le propulse directeur général adjoint. Un poste provisoire en attendant que Gérard Tonnelet, ami de Pierre de Saintignon, ne prenne sa retraite. La bascule fait toutefois grincer des dents, et pas seulement en interne. « En tant qu’auditeur, vous demandez aux salariés de livrer en confiance leurs analyses et leur sentiment personnel sur l’organisation. Et puis vous devenez leur patron. D’un point …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Profitez de deux jours pour lire cet article et parcourir tous nos autres contenus :

En renseignant votre adresse e‑mail, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse e‑mail à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • Accédez aux 4 éditions de Mediacités gratuitement (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse) pendant 48 heures
  • Découvrez un média 100% indépendant et sans aucune publicité

Notre survie dépend de vous

Un journalisme local indépendant, sans publicité, avec chaque semaine des enquêtes introuvables ailleurs : voilà ce que vous propose Mediacités. En vous abonnant aujourd’hui, vous pouvez faire la différence.
Je m’abonne

  • Accès aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • 100 % indépendant, avec 0 % de publicité
  • Résiliation facile à tout moment

Publié le

Temps de lecture : 10 minutes

Favorite

Par Elsa Sabado