Députés du Nord : la nouvelle vie des battus du suffrage

Certains « s’emmerdent » quand d’autres galèrent pour retrouver du travail. Sept anciens députés, balayés lors des législatives de juin 2017, témoignent de leur nouvelle vie. Amertume, tristesse, colère mais aussi angoisse à l’idée de ne pas rebondir, ils se sont confiés à Mediacités.

Assemblee_Nationale
Un peu plus d'un an après la perte de leur siège de député, Anne-Lise Dufour, Audrey Linkenheld, Bernard Gérard, Christian Bataille, François Lamy, Rémi Pauvros, Thierry Lazaro témoignent sur leur nouvelle vie. Photo : creative commons

François Lamy, ministre devenu chef d’entreprise… faute de mieux
C’est la première fois de sa vie, depuis ses 23 ans, qu’il n’est « plus utile à la vie publique ». Ancien ministre, ancien député PS, ancien maire, François Lamy, 58 ans, doit « se battre pour la « survie matérielle » ». Du jour au lendemain, son épais carnet d’adresses, fruit d’années passées entre l’Assemblée Nationale, le gouvernement de Jean‐Marc Ayrault, le conseil régional d’Ile-de-France et sa ville de Palaiseau, s’est transformé en monnaie de singe : « Ça n’intéresse personne d’employer un ancien ministre. Soit les gens ont glissé vers le nouveau pouvoir, soit ils ne veulent pas avoir de problème avec le nouveau pouvoir ».

Après sa cuisante défaite dès le premier tour (9,14% des suffrages exprimés) sur la 1ère circonscription du Nord, il a fait la tournée des proches susceptibles de le recaser de septembre à décembre 2017. « Si vous saviez le nombre de personnes qui, gênées, tournent les talons », raconte‐t‐il en toute franchise. Faute d’être embauché, François Lamy s’est résigné, en janvier 2018, à créer son entreprise en stratégie urbaine, mettant ses compétences d’ancien ministre de la Ville au service de privés ou de collectivités de tous bords politiques.

« Ça n’intéresse personne d’employer un ancien ministre »

Finie l’époque où l’on déroulait le tapis rouge à l’élu ! « Quand vous créez une boîte, tout le monde n’est pas aussi pressé que vous », explique cet ancien instituteur, qui a démissionné de la fonction publique en 1986. Seul à bord de son entreprise, François Lamy vit sa première expérience du privé. Mais il ne se plaint pas. « J’ai plus d’armes que le cadre viré de sa boîte à 58 ans », souligne‐t‐il. L’homme regrette tout de même que les compétences des anciens élus ne soient mis « au service de rien ». « C’est idiot ! Il faudrait réserver des postes de catégorie A pour permettre à des parlementaires de continuer dans le secteur ».

Politiquement, François Lamy n’a « fermé la porte à rien ». S’il a moins de temps pour la politique, il siège toujours au bureau national du PS et continue de bosser avec les socialistes lillois. Seule certitude : il ne sera pas candidat aux Européennes de 2019 car c’est « un mandat qui éloigne de la vie locale ». Ne jamais injurier l’avenir : une règle d’or des politiques…
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Publié le

Temps de lecture : 9 minutes

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Par Laurie Moniez