Sur un flanc de la gare Lille Flandres, ils sont une vingtaine, ce jour‐là, à patienter. Des grappes de quatre ou cinq cyclistes, assis à califourchon sur leurs vélos. Dans le recoin mal éclairé qui leur permet de stationner, les écrans des smartphones illuminent des visages éteints, en attente d’une alerte. Mohammed est l’un de ces livreurs indépendants, prestataires pour des géants du numérique comme Deliveroo ou Uber Eats. Emmitouflé dans une doudoune, le visage mangé par sa capuche et son masque chirurgical, il suit du regard trois personnes qui s’approchent de l’un des groupes. « Bonjour, on est Exod. On aide les personnes à la recherche d’un logement ou d’aide pour obtenir des papiers. Est‐ce que vous en connaissez ? »
Les migrants sans‐papiers, nouveaux forçats de la livraison de repas à domicile
À Lille, des dizaines d’exilés sans-papiers sous-louent des comptes d’auto-entrepreneur à des particuliers. Ce qui leur permet de travailler pour des géants du numérique comme Uber ou Deliveroo, qui exigent le statut de travailleur indépendant. Quitte à devoir reverser 50% des bénéfices réalisés…