Immeubles en péril à Lille : la grande galère des évacués

Depuis l’effondrement des deux immeubles de la rue Pierre Mauroy il y a tout juste un an, les évacuations de bâtiments dangereux se sont multipliées. Pour certains, le relogement vire au long calvaire face à des propriétaires et à des agences immobilières qui fuient leurs responsabilités et à des services municipaux débordés.

Pierre Mauroy (6)
Le 12 novembre 2022, les immeubles des 42 et 44 rue Pierre Mauroy à Lille s'effondraient en provoquant la mort d'un habitant. Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

« On s’est sentis complètement délaissés et piétinés, ils n’ont même pas répondu à nos courriers », déplore Madame Gautier*, la mère de Bastien*, l’un des locataires du 51 rue de la Clef, dans le Vieux‐Lille. Le 27 janvier 2023, son fils a la désagréable surprise de voir affiché sur sa porte l’arrêté municipal n°8136 prononçant « l’évacuation immédiate, l’interdiction d’accès, d’habitation et d’utilisation de l’immeuble ».

Situé derrière l’opéra dans une des ruelles du Lille des cartes postales, le bâtiment a mal vieilli. Sa façade au crépis grisonnant et défraichi lui donne une apparence négligée tandis qu’une importante fissure balafre le mur de l’étroite cage d’escalier. Alertés deux mois à peine après l’effondrement des deux immeubles rue Pierre Mauroy, les services municipaux ne prennent aucun risque et font procéder à une évacuation. Mais pour Madame Gautier, auto‐entrepreneure, cette décision a purement et simplement viré au « carnage ».

Tout se passe très vite. Le 26 janvier, un expert de la mairie de Lille vient inspecter le bâtiment de Bastien. Le rez‐de‐chaussée étant occupé par un magasin de vêtements, l’accès à l’immeuble se fait par l’arrière via une élégante cour intérieure. En briques rouges et avec ses hautes fenêtres usées, la bâtisse est semblable à tant d’autre dans le centre historique lillois. Seulement, un pas dans le hall d’entrée suffit à l’agent municipal pour se retrouver nez à nez avec une large fissure lézardant le mur, des boîtes aux lettres au plafond. À peine quelques heures plus tard, Bastien est sommé de quitter son studio tout comme les trois autres habitants des lieux.

Sans solution de relogement immédiate, le locataire se rapproche de son agence mais celle‐ci fait le mort. « Chaque fois qu’on téléphonait, ces gens étaient très occupés, explique sa mère. Mon fils, ce n’était pas leur problème. » Au bout de quelques jours …

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Publié le

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Temps de lecture : 8 minutes

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Par Léa Houël (avec Matthieu Slisse)