Pesticides en Loire‐Atlantique : le maire, le robinet d’eau et les métabolites

[ÉPISODE 3/5] Loin des projecteurs, plusieurs élus essaient de faire disparaître les pesticides de leur commune. Des écolos radicaux ? Pas du tout : des maires ruraux inquiets de la qualité de leur eau potable. Responsabilité morale en bandoulière et pression sociale dans le dos, ils montent au créneau face aux agriculteurs, là où l’État a failli.

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Un tracteur en pleine opération d'épandage. Image d'illustration. / © Creative Commons.

Troisième volet de la grande enquête de Mediacités consacrée aux pesticides en Loire‐Atlantique. Où l’on observe, une fois encore que les mentalités changent. Alors qu’ils ont longtemps hésité à s’attaquer à un dossier sur lequel « il n’y avait que des coups à recevoir », les élus ruraux commencent à le prendre à bras le corps. Illustration à Massérac, Saffré ou Nort‐sur‐Erdre, au nord du département, où un combat oppose des maires – pas franchement « écolo‐bobo » – aux agriculteurs. L’enjeu : la préservation de la qualité de l’eau potable, polluée par des métabolites, ces résidus de pesticides difficilement détectables.

 
Épisode 3 : le maire, le robinet d’eau et les métabolites
 

Longtemps, le maire de Massérac a été fier de son eau potable. « On nous disait que c’était la plus pure du département », se souvient Fabrice Sanchez. Cheveux gris coupés ras et chemisette à petit pois, le maire a les yeux fatigués, derrière ses lunettes carrées. Sur son bureau, des piles de dossiers. « Excusez le désordre, mon bureau sert aussi pour stocker les archives. La nouvelle mairie, c’est pour 2022. Alors, en attendant… »

En attendant, celui qui occupe également la vice‐présidence d’Atlantic’Eau, le syndicat qui gère l’eau potable dans 159 communes du département, reçoit dans la mairie défraîchie de ce petit village de 696 habitants du pays de Guémené‐Penfao, à la frontière entre la Loire‐Atlantique et l’Ille-et-Vilaine. Pourquoi ? Pour raconter comment il s’est retrouvé à ferrailler avec deux préfets, l’Anses [l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Ndlr], deux ARS, un collectif anti‐pesticide, des fabricants de produits phytosanitaires et la FNSEA.

« En 2016, reprend‐il, le SIAEP [Le Syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable de Guémené‐Penfao regroupait huit communes avant d’être absorbé par Atlantic’Eau, Ndlr] a commencé à chercher les métabolites [les résidus de pesticides, Ndlr. Lire ci‐contre] dans l’eau du captage de Massérac. Dès la première analyse, on a trouvé de l’esa-metolachlore, issu du s‑metolachlore, un herbicide. » 

Et pas qu’un peu : au‐dessus de la norme du 0,1 ug/L (microgramme par litre). « Je ne pensais pas trouver tout ça, se souvient le maire. J’étais confiant… Il y a vingt ans …

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Par Julie Reux

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