Faute d’ambulance, des patients privés de soins dans l’agglomération de Nantes

Concentration du secteur, course à la rentabilité et chasse aux coûts... Dans un marché du transport sanitaire en plein bouleversement, les malades servent de variable d’ajustement. A Nantes et alentours, ils sont de plus en plus nombreux, notamment des enfants, à se voir refuser une ambulance pour se rendre à l’hôpital

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Un véhicule des ambulances Jussieu de Loire-Atlantique. / Photo : CC - crash71100 - Flickr

Cette mère de famille ne décolère pas. Depuis la rentrée de septembre, elle bataille pour organiser les transports de son fils de sept ans à l’hôpital : une dizaine de kilomètres à parcourir plusieurs fois par semaine, du Bignon où ils habitent jusqu’à Rezé, où se situe l’établissement de soins qui le suit pour des troubles autistiques. « J’ai appelé les sociétés d’ambulance des environs mais toutes ont refusé. On m’a clairement dit que le trajet n’était pas assez rentable. » Ce n’est finalement qu’après cinq semaines de recherche, de mobilisation et de lettres aux élus qu’elle a trouvé une solution partielle, un taxi conventionné.

Fin mars, le conseil de surveillance de l’hôpital Daumézon, à Bouguenais, alertait les autorités – l’Agence régionale de santé (ARS), le conseil départemental ou encore le préfet de Loire‐Atlantique – de ruptures de soins, liées à des carences de transports sanitaires. Dans un courrier consulté par Mediacités, il évoquait un phénomène aigu en pédopsychiatrie, où quatorze enfants sont toujours en attente, depuis septembre.

Au service de pédopsychiatrie du CHU de Nantes, le personnel de santé interpelle aussi régulièrement l’ARS et la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) à ce sujet. Pédopsychiatre au CHU de Nantes, Sylvain Bisleau résume : « Depuis un an, il est quasiment devenu impossible d’obtenir un transport. Certains enfants présentant des troubles graves du développement ne peuvent pas accéder à des soins, faute de moyen de locomotion ! »
Impossible d’obtenir une ambulance
Comment en est‐on arrivé là, alors que le transport sanitaire coûte chaque année plusieurs milliards d’euros à la sécurité sociale (4,8 milliards en 2019) ? Et cela alors que c’est l’un des postes les mieux remboursés par l’assurance maladie, avec un taux moyen à 95% ? Assuré par des entreprises de transport privé à but lucratif, il fait partie intégrante du parcours de soin et répond à une mission de service public. Avec des obligations fixées par le code de la Santé publique : assurer la permanence et un service de garde, répondre aux demandes d’intervention urgente du SAMU.

Chargée de piloter la santé en région, l’ARS doit veiller à la bonne gestion de la dépense hospitalière. Mais questionnée sur cette problématique, l’une de ses responsables avoue avoir perdu de la lisibilité : « Depuis 2018, nous recevons des réclamations de …

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Par Marine Dumeurger