Une cuvette souillée de matières fécales. Et plus une feuille de papier au bout du rouleau. Ambiance WC public laissé à l’abandon. Dans l’autre partie du sanitaire en préfabriqué, les sacs‐poubelle accrochés près du lavabo débordent sous un ballon d’eau chaude qui menace de tomber. Il n’y a rien pour s’essuyer et la douche est noire de saleté. Au mur, cette consigne, lunaire : « Veuillez laisser cet endroit aussi propre que vous l’avez trouvé. » Antoine, le chef de ce chantier d’installation électrique sur une zone industrielle de Clisson au sud de Nantes, ironise : « C’est le grand luxe ! Là encore, ce n’est pas trop crade. En temps de boue, ici, c’est dégueulasse. »
Le ménage n’a pas été fait depuis… deux mois. La société de nettoyage ne veut plus y envoyer ses salariés parce que, selon l’électricien, « l’accès est trop casse‐gueule ». On confirme. Posé sur un bout de terre en pente, le sanitaire, neuf au début du chantier, tient en équilibre grâce à des bouts de palettes. Le responsable de chantier, l’un des rares à vouloir remuer les choses, n’a cessé de faire remonter l’info au maçon chargé du dossier WC, mais qui n’intervient plus sur le site. Rien n’a été fait. Alors, les ouvriers de ce géant du BTP se rabattent sur les toilettes de la grande surface voisine.