Cris d’animaux, insultes et tintamarre : l’étrange comportement des forces de l’ordre face aux militants anti A69

Les activistes anti A69 perchés dans des arbres à Saix, déplorent le comportement des policiers d'une compagnie de CRS. Preuves vidéo à l'appui, ils dénoncent les tentatives de privation de sommeil à leur encontre.

illustration CRS saix bruit

Selon le code de la sécurité intérieure, « tout agent de la police nationale ou de la gendarmerie nationale déclare solennellement servir avec dignité ». Ce serment républicain semble avoir perdu de sa vigueur du côté de Saix, dans le Tarn. Alors que quelques militants opposés à l’A69 sont perchés dans des arbres menacés de tronçonnage depuis le 9 février, des policiers d’une compagnie républicaine de sécurité se sont laissés aller à des comportements entachant la respectabilité de leur uniforme.

Dans des vidéos que Mediacités a pu consulter, on entend ces membres des forces de l’ordre chercher à intimider verbalement les activistes environnementaux, aux alentours de 22h30, le 18 février dernier. Entre les cris, les imitations d’aboiement et les sifflements, une insulte fuse. « Oh les gars, vous êtes des grosses merdes », peut‐on entendre à la 22e seconde du montage vidéo ci‐dessous.

À ces lazzis nocturnes s’ajoutent des faisceaux de lampes stroboscopiques que des policiers pointent en direction des « écureuils » perchés dans les arbres. « Pour la deuxième nuit consécutive, ils nous éclairent en continu pour nous empêcher de dormir », commente avec lassitude l’auteur de la vidéo.

« Après ça, on a commencé à chanter Une sorcière comme les autres, d’Anne Sylvestre, pour s’encourager, rapporte l’une des écureuils. Alors, les policiers sont revenus faire du bruit avec des tambours et des sifflets. » De fait, il est presque 23 heures (selon les métadonnées d’une seconde vidéo confiées à Mediacités), quand la compagnie présente ce soir‐là se mue en orchestre cacophonique sur la Zad de la Crém’arbre. « On entend nos chères forces de l’ordre en dessous des arbres qui nous font une jolie batucada ce soir. Une petite comptine pour nous aider à dormir », soupire le militant qui capte la scène. Le remue‐ménage aurait finalement cessé avant minuit, aux dires de ses camarades. 

Ces méthodes respectent‐elles le devoir de « professionnalisme et d’exemplarité » prévu par le schéma national du maintien de l’ordre ? S’agit‐il d’une initiative isolée de quelques policiers fatigués ou d’une consigne visant à faire craquer les activistes ? La question reste ouverte, car les autorités restent bouches closes. Contacté, le cabinet de Pierre‐André Durand, préfet d’Occitanie, renvoie la balle à la préfecture du Tarn. Dirigée par Michel Vilbois, celle‐ci n’a pas donné suite à nos questions. Pour rappel, la privation de sommeil relève de la torture, rappelle Amnesty International.

« J’ai peur qu’ils me tuent. »

Esteban, un écureuil de la Crémarbre

Du côté des « écureuils », ce comportement provoque un mélange de « peur et de honte, si ce sont des ordres de la hiérarchie », déplore Esteban. Cet activiste perché depuis près de deux semaines note un durcissement des forces de l’ordre depuis les dernières manifestations. Il observe aussi de nombreuses mises en danger de leur part.

« Un palet de lacrymo a atterri dans une bâche et déclenché un départ de feu dans un arbre occupé. Un bidon d’essence a été déversé au pied des arbres. Des matériaux en bois et des pneus ont été rassemblés en lisière du bois par les forces de l’ordre, puis incendiés, énumère‐t‐il. Nous avons été enfumés, ce qui nous met en danger dans nos manipulations de cordes. »

Alors que deux militants ont été délogés par des gendarmes spécialisés dans l’intervention en milieux d’accès difficiles, selon France Bleu Occitanie, Esteban dit craindre pour sa vie : « Quand les forces de l’ordre grimpent dans les arbres, ils ne sont pas sécurisés. Je n’ai pas confiance dans leurs manip”. Ils font des trucs dangereux. J’ai peur qu’ils me tuent. »

Un sentiment d’inquiétude qu’il a pu sans doute partager auprès du rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement venu s’enquérir de la situation sur le site ce jeudi 22 février.

  • Quel moment sommes toutes rafraichissant ! Tous ces grands enfants bourrés de testostérone occupés dans un clae façon survivaliste.
    Ça nous change des petites filles de Gaza qui meurent en direct dans leur ambulance betement touchée par un artilleur israélien gameboy… Ou encore : de ces nourrissons palestiniens mis en couveuse à l’abri en Égypte… dont l’un part déjà de son hôpital bombardé avec un oeil en moins…
    Il nous tarde de lire, urbi et orbi le rapport de l’Onu. Brrrrr !

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Par Gael Cérez et Alain Pitton