Pour atteindre ses objectifs climatiques, Airbus brasse de l’air (littéralement)

Depuis 2022, Airbus revend aux compagnies aériennes des crédits carbone reposant sur une technologie tout droit sortie d’un livre de science-fiction : extraire le CO₂ de l’atmosphère à l’aide de ventilateurs géants. Une absurdité climatique tant cette solution énergivore pourrait émettre plus de carbone qu’elle n’en aspire.

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Dans le Texas, des ventilateurs géants pour "brasser" le CO₂. Photo : Carbon Engineering (retouchée par Mediacités)

Le Texas, ses déserts poussiéreux, ses ranchs et… ses immenses ventilateurs brassant chaque jour deux à trois kilomètres cubes d’air. Près de la ville d’Odessa, dans l’Ouest de cet Etat américain, des hélices aussi massives qu’un bloc d’immeubles de cinq étages sont en train d’être construites par l’entreprise canadienne Carbon Engineering, avec le soutien de l’avionneur toulousain Airbus. L’objectif ? Compenser les émissions de dioxyde de carbone des compagnies aériennes en extrayant du CO₂ directement de l’atmosphère, et en le stockant dans une infrastructure dédiée. 

Pour ses promoteurs, la technologie du captage direct dans l’air (CDA, aussi appelée Direct Air Capture, en anglais) présente deux avantages. Elle permettrait de « neutraliser » les émissions carbone actuelles et de « nettoyer » l’atmosphère de la pollution émise il y a dix, vingt, cinquante, voire cent ans. « C’est alors ce qu’on appelle une technologie “à émission négative” », commente Florence Delprat‐Jannaud, présidente du Club CO2, le lobby français du secteur du captage‐stockage de CO2. 

L’idée de ces grands ventilateurs semble néanmoins sortir directement d’un livre de science‐fiction. Et peine d’ailleurs à convaincre les scientifiques. « La concentration du CO2 dans l’air ambiant s’élevant à 400 ppm [partie par million] à peine. Essayer de l’attraper c’est comme tenter de retrouver quatre personnes dans un stade plein de 10 000 places », image Louis Fradette, professeur au département de génie chimique à l’École Polytechnique de Montréal. « C’est une hérésie thermodynamique ! Le CO2 est 300 fois plus dilué dans l’air que dans les fumées d’usine, où il est déjà compliqué de le récupérer », ajoute Éric Favre, professeur à l’École nationale supérieure des industries chimiques (Ensic) de l’université de Lorraine.

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Par Aline Nippert

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