« Est‐ce ainsi que Science Po Lyon traite le mérite ? »

Très tardivement et prétextant le contexte sanitaire, l’Institut d’études politiques de Lyon a annulé les épreuves orales d’admission réservées aux étudiants de prépa. Dans une tribune que publie Mediacités, ceux-ci dénoncent « l’insuffisance », « le cynisme » et « le mépris » de l’établissement qui mettent en péril la suite de leurs études.

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Le bâtiment administratif de Sciences Po Lyon, dans le 7e arrondissement de Lyon. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

Tout bouleversement révèle les insuffisances et les faux‐semblants de nos institutions. Prises de décisions et mesures d’adaptation, voilà le langage à adopter en temps de crise ; les silences et inactions en deviennent d’autant plus lourds de sens. Ainsi, la pandémie du Covid‐19 a permis de distinguer ceux qui parmi les partenaires de « la banque d’épreuves littéraires » (BEL) tiennent en haute estime le travail acharné et les sacrifices effectués par les étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et ceux qui les méprisent ou du moins ne daignent pas les considérer. 

Ce mépris, nous, étudiants de khâgne [prépa littéraire], l’avons douloureusement ressenti lors de l’annonce du retrait de Sciences Po Lyon du recrutement par la voie BEL [officiellement pour des raisons de calendrier]. Dans un contexte où toutes les écoles et institutions françaises ont su s’adapter pour faire face à la situation exceptionnelle du Covid‐19, Science Po Lyon a fait le choix d’une décision d’une violence extrême : briser les projets d’étudiants méritants, ayant fait preuve d’abnégation et d’un travail acharné pour pouvoir mériter une place dans cet établissement. Le comble du cynisme ayant été de les prévenir à la fin de la dernière épreuve par un simple tweet.

« L’établissement était en mesure d’anticiper et de proposer aux étudiants une alternative »

Nous comprenons le contexte exceptionnel lié à la pandémie que nous traversons. Il s’avère néanmoins que les nouvelles dates des concours mises en places par le ministère de l’enseignement supérieur ont été établies plus de deux mois avant l’annonce officielle du retrait de Science Po Lyon. L’établissement était donc en mesure d’anticiper et de proposer aux étudiants une alternative comme cela fut le cas de nombre d’autres partenaires de la BEL.

> Lire par ailleurs l’article de Mediacités : Sciences Po Lyon ferme ses portes aux étudiants de prépa pour la rentrée 2020

Nous avons fourni un travail considérable et fait de nombreux sacrifices durant nos années d’études en CPGE. Certains sont même allés jusqu’à faire une troisième année supplémentaire très éprouvante dans le seul but de pouvoir intégrer cet Institut d’études politiques (IEP). Nous nous sommes confrontés à l’un des concours les plus durs de France avec l’espoir de pouvoir faire nos preuves et d’ainsi mériter dignement nos places au sein de Science Po Lyon.

On pourrait nous répondre, à juste titre, que l’entrée dans les IEP est extrêmement sélective et que le nombre de places est réduit. Est‐ce pour autant une raison pour sacrifier l’avenir d’élèves méritants qui auraient pu intégrer cet établissement ?

Il ne s’agit pas de nous plaindre de ne pas être entrés à Science Po Lyon. Nous dénonçons le fait que ce ne sont pas nos compétences et nos connaissances qui ont conditionné notre non‐recrutement, mais une incapacité à s’organiser sous couvert de considérations calendaires. Cette décision remet en cause notre droit à étudier dans le cadre des IEP et plus encore, notre avenir professionnel. Est‐ce ainsi que Science Po Lyon traite le mérite ?

« L’inefficacité et le cynisme de Science Po Lyon nous consternent »

Nous prenons la parole car l’inefficacité et le cynisme de Science Po Lyon nous consternent et nous font craindre pour le futur. Une telle insuffisance laisse nombre d’entre nous dans une impasse scolaire et professionnelle.

Nous demandons donc à ce que des mesures soient prises afin qu’aucun étudiant ne soit délaissé. Mais nous faisons aussi entendre notre voix afin que cela ne se reproduise jamais. La pandémie actuelle n’est pas encore terminée et ne sera pas la dernière crise de grande ampleur que connaîtra la France.

La situation que nous avons vécue n’est pas une simple exception, il ne s’agit pas de s’apitoyer sur le sort d’une poignée d’étudiants sacrifiés. Nous espérons que si la situation venait à se reproduire, les dirigeants de Science Po Lyon prendront des décisions réfléchies et sauront s’adapter au contexte de crise afin de n’abandonner aucun étudiant. Qu’ils soient les « esprits innovants, ouverts sur le monde » qu’ils prétendent être !

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Par Collectif d’élèves de khâgnes de Clermont-Ferrand, Nantes, Bordeaux, Nîmes, Strasbourg et du Mans