« Il faudrait voir avec Arabelle. » Combien de fois cette phrase a‑t‐elle été prononcée dans les couloirs de la métropole de Lyon ? Une réplique à double sens dans la bouche des élus. « Voir » car elle sait tout (ou presque). Mais « voir » pour aussi obtenir son aval. Entre compétence unanimement reconnue et volonté de tout contrôler, Arabelle Chambre‐Foa dirige le cabinet du président du Grand Lyon – David Kimelfeld aujourd’hui, Gérard Collomb hier –, collectivité mastodonte (9200 agents, 3,4 milliards d’euros de budget) et omnipotente, cumulant les compétences du conseil général et de la communauté urbaine en plus de quelques autres. Une personnalité au cœur du pouvoir, aussi incontournable que mutique avec la presse. Elle ne fera d’ailleurs pas exception à sa discrétion légendaire en déclinant notre demande d’entretien pour ce portrait.
« Elle compte parmi les cinq personnes les mieux informées de Lyon. Plus femme d’influence que de pouvoir, de contacts personnels que de réseaux, à la fois extrêmement intelligente, très fine dans ses jugements et totalement secrète. Plus elle en sait, moins elle en dit, dépeint une personne qui l’a fréquentée au‐delà d’un cadre purement professionnel. C’est simple : je ne sais rien d’elle. Elle ne se livre jamais. » Cette discrétion se vérifie lorsque l’on questionne des élus de longue date. Les mieux au fait répondent : « Elle était déjà là sous Barre ». Sans plus de précision. La collaboratrice incarnerait donc, dès 2001, le symbole de l’ouverture chère à Gérard Collomb alors que celui‐ci conquiert la présidence du Grand Lyon sans majorité sur le papier.
De Barre à Collomb
Juriste de formation, Arabelle Chambre‐Foa a travaillé durant une dizaine d’années dans l’architecture. Elle apprend sur le tas les métiers de dessinateur et d’économiste de chantier. Des compétences urbanistiques qu’elle mettra plus tard à profit au Grand Lyon. Dans les années 1990, elle rejoint le conseil régional d’Ile-de-France où elle croise Xavier de la Gorce, nommé secrétaire général de la ville de Lyon en 1996 après l’élection de Raymond Barre. Elle le suit en 1997, occupant successivement les postes de chef de service du secteur Enfance, chef de cabinet de Xavier de la Gorce puis chef de bureau au cabinet de Raymond Barre. Alors que les départs s’enchaînent à la fin du mandat de l’ancien Premier ministre devenu maire de Lyon, elle assure non seulement la continuité mais surtout la transition avec le socialiste Gérard Collomb. « J’avais eu l’occasion de le croiser en sa qualité de maire du 9e arrondissement, mais je ne le côtoyais pas », nous avait‐elle confié en 2013 à l’occasion d’une des rares interviews qu’elle ait données (pour le magazine L’Express).
De la place de la Comédie à la rue du Lac : après 2001, elle bascule à la communauté urbaine. Conseillère technique au cabinet du président sur les services urbains puis sur l’organisation territoriale, elle est …