Comment un promoteur immobilier et un expert‐comptable ont mis la main sur Méert

« Méert, une saga lilloise » (6/6). Il y a trente ans, le promoteur immobilier Paul-Henry Guermonprez et l’expert-comptable Thierry Landron rachetaient la plus célèbre pâtisserie lilloise, au bord de la faillite. Pour l’ultime épisode de notre série sur la saga Méert, Mediacités s’est penché sur ce détonnant tandem ainsi que sur ce rachat, loin d’avoir livré tous ses secrets.

Illu EP 6 (2)
Les propriétaires de la maison Méert Paul-Henry Guermonprez et Thierry Landron ont tissé de nombreux liens entre la marque et leur histoire personnelle. Image d'illustration : Eden Sakhi Momen.

La maison Méert est une miraculée. Dans les années 1990, sa riche histoire aurait en effet très bien pu s’arrêter. La pâtisserie lilloise du 27 rue Esquermoise, joyau de la famille Cardon depuis près d’un siècle, est au plus mal.

Dans les cuisines, c’est le chaos. Un article de La Voix du Nord daté du 19 octobre 1996, titré Un goût amer à la pâtisserie Méert, rend compte de plusieurs constats de mauvaise hygiène au cours des années 1994 et 1995. En voici quelques extraits.

« Au deuxième étage, dans l’atelier de fabrication des gâteaux, je dénombre une vingtaine d’oiseaux volant et se posant à leur gré. Ils picorent un restant de crème sur un appareil à gaufres. Le mur, les vitres et le congélateur sont constellés d’excréments. » – « Dans le local de stockage du troisième étage, des sacs de farine sont crevés par des rongeurs. » – « Un mot résume l’ensemble des locaux : crasseux » – « Le fait d’exercer une activité de confiserie, chocolaterie, pâtisserie dans des locaux totalement insalubres constitue un risque potentiel pour la santé des consommateurs. »

Ces larges passages, effrayants, ont tous été cités devant le tribunal de police quelques mois plus tard, le 2 février 1996. 85 000 francs d’amende y étaient requis à l’encontre du gérant, Benoît Cardon. Selon son avocate, citée à l’époque par La Voix du Nord, « si cette entreprise familiale en est arrivée là, c’est par manque de fonds propres ». Entre 1993 et 1995, le chiffre d’affaires de la maison s’effondre en passant de 6 à 4,5 millions de francs. « Il aurait fallu tout changer, adapter l’outil, mais quand on a des difficultés économiques, on tire sur tous les postes… », avait‐elle justifié. Y compris, donc, sur l’entretien des locaux. Retrouvée par Mediacités, l’avocate Sylvie Van Engelandt, qui exerce toujours dans la région, n’a plus trace du jugement, mais se souvient que son client Benoît Cardon avait dû payer d’importantes amendes tant le dossier était « accablant ».

Auparavant salon de thé favori de la bourgeoisie lilloise, la maison Méert‐Cardon a dû subir pendant les Trente Glorieuses le changement des habitudes sociales et alimentaires des clients. Le ballet des fiacres livrant les précieuses gaufres directement à domicile a cessé. Dans le livre retraçant l’histoire officielle de la maison, Véra Dupuis et Geoffroy Deffrennes racontent que les « longs déjeuners dominicaux réunissant, autour de la table, parents enfants et grands parents » et « les détours pour acheter gâteaux et friandises à la sortie de l’église » appartiennent à l’histoire ancienne. On privilégie des repas plus légers, et l’on ne craque pour des pâtisseries plus qu’occasionnellement. Ces nouveaux modes de vie impactent durement les finances de la maison.
Le rachat d’un « bateau à la dérive »
La révélation de ce scandale sanitaire dans La Voix du Nord …

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Publié le

Temps de lecture : 9 minutes

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Par Eden Sakhi-Momen et Matthieu Slisse