Comme un sentiment de déjà‐vu pour les habitants de Pierre‐Bénite… En 2014, les riverains de l’usine chimique de West Deptford, sur la côte Est des Etats‐Unis, découvraient que leur eau potable était contaminée par des PFAS. Racheté en 1990 par le belge Solvay, ce site industriel, qui manipule cette famille de molécules toxiques pour la santé humaine depuis une cinquantaine d’années, était auparavant exploité par le groupe Arkema (ex‐Atochem), à la fin des années 1980. A partir de 2018, l’Etat américain du New Jersey a attaqué en justice les deux chimistes pour la contamination de l’environnement aux PFAS, et obtenu gain de cause, comme nous vous l’avions raconté l’an dernier.
De l’autre côté de l’Atlantique, Arkema, au cœur du scandale de la contamination du Sud lyonnais aux PFAS, a conclu un accord qui prévoit 109 millions de dollars – soit environ 100 millions d’euros – d’indemnisation et de financement pour décontaminer l’eau. Dans le détail, la justice a définitivement ordonné le versement de 30 millions d’euros. Les 70 restants constituent une réserve de financement sur dix‐huit ans dans laquelle puiser en cas de besoin.
Seulement voilà, des rives du fleuve Delaware, qui traverse West Deptford, à celles du Rhône, le chimiste n’a pas adopté la même posture. Depuis son usine d’Oullins-Pierre-Bénite, Arkema a rejeté des tonnes de « polluants éternels » et contaminé aux PFAS l’eau du robinet de près de 200 000 habitants. Mais, en France, l’industriel rechigne pour le moment à participer au financement de la dépollution.
Comment le New Jersey a‑t‐il réussi à faire payer Arkema ? Mediacités est allé à la rencontre, dans ses locaux de Trenton, du chef du département de la protection de l’environnement de cet Etat américain, Shawn LaTourette. C’est lui qui a négocié avec l’industriel pour obtenir cet accord financier. Il nous explique sa méthode.