Partenord, le premier bailleur social du département épinglé par la Chambre régionale des comptes

Tour des oliveaux Partenord Loos – Partenord
L'une des tours du quartier des Oliveaux à Loos, gérée par Partenord Habitat. Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

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Par Matthieu Slisse

Indice de satisfaction des locataires inférieur à la moyenne régionale, forte hausse des impayés de loyers, proportion importante de passoires thermiques… Les magistrats ont passé au crible les activités de Partenord Habitat qui gère plus de 20 000 logements sociaux dans la métropole de Lille.

Dans un rapport publié le 22 mai, la Chambre régionale des comptes s‘est intéressée à Partenord Habitat, premier bailleur social du département du Nord avec 53 000 logements en gestion, dont plus de 20 000 rien que dans la métropole lilloise. Si sa situation financière est jugée « globalement satisfaisante », les magistrats pointent toutefois une série de défis à relever.

20% de passoires thermiques

L’évaluation énergétique du parc de logement de Partenord Habitat révèle une situation particulièrement préoccupante : fin 2020, 20 % du patrimoine étaient classés dans les catégories E, F et G. Avec 10 000 logements à rénover en priorité, le chantier s’annonce colossal. « Ce résultat médiocre provient, notamment, du retard pris par l’office en matière de réhabilitation thermique », notent les magistrats. En effet, le plan stratégique énergétique et environnemental – qui date de 2012 – prévoyait la réhabilitation de 12 000 logements d’ici 2021. Seulement 14 % de cet objectif a été réalisé, observe la Chambre régionale des comptes. Pour pouvoir continuer à être loués, les logements classés E, F et G devront respectivement être réhabilités d’ici 2034, 2028 et 2025.

Un indice de satisfaction des locataires inférieur au niveau régional

Avec une note de 7,3/10 contre 7,8/10 au niveau régional, le niveau de satisfaction global des locataires de Partenord est inférieur à la moyenne des Hauts‐de‐France. Ce sont les locataires de la Métropole européenne de Lille qui sont les plus sévères vis‐à‐vis du bailleur avec une note de 6,7/10. Les insatisfactions des locataires sont principalement liées à l’absence de réponse aux demandes et à l’état général des équipements du logement.

Des impayés de loyer en forte augmentation

Au 30 juin 2022, les dettes locataires de Partenord Habitat s’élèvent à 17,21 millions d’euros ont calculé les magistrats. Il s’agit d’une augmentation de plus de 40% en cinq ans. Raison principale : la fusion en 2020 avec Habitat Saint‐Quentinois, qui comptait 3,18 millions d’euros de loyers impayés.

« Des importants enjeux en matière de ressources humaines »

Partenord Habitat compte 850 salariés et deux aspects ont particulièrement attiré l’attention des magistrats : « Une pyramide des âges vieillissante et un taux d’absentéisme élevé ». Un nombre important d’employés vont « prendre leur retraite à courte et moyenne échéance », note la Chambre régionale des comptes qui s’inquiète que « l’office ne dispose d’aucun plan d’action pour y faire face ».

Le rapport pointe également un absentéisme des agents bien supérieur à celui de la profession : plus de 13 % en moyenne depuis 2020 contre 6,9% en 2019, selon le bilan 2019 des offices publics de l’habitat. La chambre recommande ainsi de mettre en place un plan de prévention et de lutte contre l’absentéisme.

Des achats réalisés en dehors du cadre de la commande publique

Entre 2019 et 2021, la Chambre régionale des comptes a relevé plusieurs achats réalisés en dehors du cadre de la commande publique pour un montant total de 2,9 millions d’euros. Le recours à des services juridiques d’huissiers, à des services d’agences d’intérim ainsi qu’à des « services de recrutements externalisés » n’a pas fait l’objet d’une publicité et d’une mise en concurrence comme la loi le prévoit, ont constaté les magistrats.

Tableau Partenord
Extrait du rapport de la Chambre régionale des comptes consacré à Partenord Habitat.

Une situation a particulièrement attiré l’attention de la chambre : les liens de Partenord avec Soliha Métropole Nord, un bailleur associatif en grande difficulté financière comme l’a déjà raconté Mediacités. En 2020, Partenord a racheté 129 logements à l’association pour un montant de 5,26 millions d’euros. Après ce rachat de patrimoine, deux contrats ont été passés avec Soliha Métropole Nord « sans aucune publicité ni mise en concurrence », se sont aperçus les magistrats. Un mandat de gestion locative adaptée pour les 129 logements achetés et une mission de maîtrise d’œuvre pour 30 de ces logements, qui ont rapporté 370 000 euros à l’association depuis 2020.

  • Dans le Saint‐Quentinois, les Locataires sont également mécontents. Peu ou pas de réponse aux demandes…Un manque d’entretien criant.…Les pelouses sont très peu tondues alors que les Habitants paient des charges…les ravalements des Pavillons n’ont pas été faits depuis de nombreuses années, les toitures ne sont pas émoussées.…Pas de réunions de concertation etc…
    Maryse Sefika, Présidente de l’OPHLM de Saint‐Quentin d’Octobre 1995 à Novembre 2001, Conseiller Fédéral pour la Picardie
    à mon actif : de nombreuses réhabilitations, la création des antennes décentralisées, la construction‐démolition de la Cité Artois‐Champagne, la vente de pavillons à leurs Locataires, la titularisation du Personnel, la vente des anciens ateliers avec la construction de nouveaux et de nombreuses réunions de concertation dans tous les quartiers de Saint‐Quentin…
    La cession d’Habitat Saint‐Quentinois à Partenord a été une grave erreur car il n’y a plus autant de proximité.…