Pourquoi le Nord a enregistré soixante démissions de maires en cinq ans

Conflits, fatigue, cumul de mandats… Alors que le Sénat doit reprendre les discussions autour du statut de l'élu local pour rendre la fonction plus attractive, Mediacités a passé au crible les raisons pour lesquelles des édiles nordistes ont quitté leur mairie depuis 2020. Le département est l’un des territoires les plus concernés par le phénomène de « grande démission » des maires.

2023-05-fronde-maires-ruraux-44
60 maires ont démissionné dans le département du Nord depuis le début du mandat, en 2020. / Image d'illustration - cataliseur30 - Fotolia

Émue, Martine Aubry rendait en mars son écharpe de maire de Lille, après avoir occupé le fauteuil du Beffroi pendant vingt‐quatre ans. Un passage de relai prévu, pour celle qui aspire désormais à recentrer sa carrière politique au niveau national. Très médiatisée, cette démission est loin d’être isolée. La « grande démission » des maires touche aussi bien de petites, moyennes ou grandes communes. En France, le nombre de départs volontaires a été multiplié par quatre entre les mandats 2008–2014 et 2020–2026, s’établissant à plus d’une démission par jour.

Avec 60 départs en cinq ans, le Nord fait partie des six départements les plus concernés : 9,2 % de ses maires ont quitté leurs fonctions, contre 6 % sur l’ensemble du pays. « Un phénomène sans précédent », selon le chercheur en sciences politiques Martial Foucault, qui l’a étudié pour l’Association des maires de France (AMF) et le Cevipof dans une enquête publiée en juin.

Les démissions pour conflits (18)
Valérie Provo était maire de Pérenchies depuis deux ans lorsqu’elle a décidé de démissionner de ses fonctions, le 2 septembre 2022. Quand elle rejoint en 2020 une association visant à reprendre les rênes de la mairie, l’enseignante a « envie de changement » et souhaite s’engager en tant que citoyenne de sa commune. Celle qui ne prétend pas au poste de maire se voit finalement propulsée tête de liste et remporte les élections en pleine période Covid.

« Je n’avais jamais fait de politique, je manquais d’expérience, confie‐t‐elle à Mediacités. Je me suis mise en disponibilité de mes fonctions professionnelles. C’est peut être mon erreur, car j’étais à la mairie sept jours sur sept, même pendant les vacances. Etre maire, c’est chronophage et prenant. » Valérie Provo salue l’accompagnement des services de l’Etat et la formation qu’elle a reçue une fois en poste. Mais elle regrette de ne pas avoir anticipé d’autres aspects négatifs liés au port de l’écharpe, notamment sur le plan des relations avec le conseil municipal. 

L’ancienne maire a été très affectée par les rapports virulents entre sa majorité et les deux groupes d’opposition. « Le conseil municipal est entré dans une logique de politique politicienne, ce qui …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Envie de lire la suite ?

1€ le premier mois

Puis 7,90€ par mois

Je teste !

  • Accès aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • 100 % indépendant, avec 0 % de publicité
  • Résiliation facile à tout moment

Publié le

Temps de lecture : 9 minutes

Favorite

Par Eden Sakhi-Momen

1 / ?