Coronavirus : les maires et l’État s’écharpent dans la gestion locale de la crise

Interdiction de cracher, retrait des bancs de l’espace public, barrage à l’entrée des villes... Depuis un mois, d'étranges arrêtés municipaux ont fait leur apparition en ville. Désir de s'imposer de la part de maires alors que le processus électoral n'est pas clos ? Divergences d'appréciation vis-à-vis de l'exécutif jugé défaillant ? Ou acte de résistance politique face au monopole de l’État central dans la gestion de crise ? Décryptage.

Mairie de Mareil-le-Guyon
Image d’illustration. © Nicolas DUPREY/ CD 78

Ils avancent dans les rues désertes. Visages masqués, combinaison blanche, lunettes de protection et gants en latex, les agents de désinfections se déploient en ligne pour nettoyer les villes d’un virus mortel. Une scène que ne renierait pas un long-métrage de science-fiction. Impossible à imaginer en France il y a à peine quelques mois, la pratique s’est répandue à l’aune de la pandémie du Covid-19, de Nice à Compiègne en passant par Montauban, Lyon ou Toulouse. Et ce malgré les avertissements de l’État – qu’il s’agisse de ministres, de préfets ou des différentes autorités sanitaires – ayant longtemps prôné précaution et retenue en la matière. Qu’à cela ne tienne ! Certains maires, brandissant la nécessaire protection de leurs populations, ont pris les devants sans même attendre le verdict du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). 

Rendu le 4 avril dernier, l’avis du HCSP est pourtant formel : « [Il est recommandé] de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie dans le contexte de l’épidémie du Covid-19. » L’autorité sanitaire avance l’absence de preuve concernant l’efficacité de la mesure ainsi que sa dangerosité potentielle pour l’environnement et la population. Deux points auxquels les métropoles de Toulouse et de Lyon se disaient attentives... quelques jours avant de lancer une campagne de désinfection de leur mobilier urbain. Interrogées par Mediacités sur ce revirement soudain, les deux métropoles s’étaient alors défendues de toute action « de grande ampleur », privilégiant une « désinfection ciblée », plus conforme à les entendre, aux recommandations nationales.
Un souci de légalité
La désinfection de l’espace public n’est qu’un sujet parmi d’autres sur lequel les élus locaux s’illustrent en pleine crise sanitaire. Partout en France, une vague d’arrêtés municipaux en tout genre a émergé depuis le début du confinement. Parfois abusives ou d’une efficacité plus que limitée, ces mesures prises par les édiles ont été fortement médiatisées en raison de leur caractère insolite. Près de Lille par exemple, le maire de Marcq-en-Barœul a

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Temps de lecture : 8 minutes

Par Romain Bizeul