Caméras ou éducateurs de rue ? Police ou centres sociaux ? Répression ou prévention ? Le traitement de « l’insécurité » a pris ces dernières décennies une place grandissante dans le débat public. La droitisation du champ politique depuis Nicolas Sarkozy et la « bollorisation » du champ médiatique en ont fait un objet électoraliste, souvent abordé avec des biais racistes.
Mais cette dérive s’explique aussi par le refus d’obstacle de la gauche (au sens large) sur la question. « Sur ce thème, comme sur celui de l’immigration, la gauche ne mène pas la bataille culturelle et se plie à l’agenda sécuritaire, regrette le politiste Rémi Lefebvre. Elle est tétanisée, alors qu’elle n’aurait rien à perdre à tenir un discours plus offensif, plus alternatif sur la réalité de l’insécurité aujourd’hui. »
Une tétanisation qui se décline à l’échelle locale. Si l’État, via le ministère de l’Intérieur, a la charge de « la lutte contre l’insécurité » (lutte contre le banditisme, le trafic ou les violences familiales, maintien de l’ordre, enquêtes de police judiciaire), le sujet est très présent dans les exécutifs locaux. On y observe le même schéma : des responsables de gauche embarrassés pour parler d’insécurité face à des adversaires de droite et d’extrême droite qui les taxent de laxisme. Et qui entendent bien en faire un thème majeur des municipales de …