Législatives : Lamy à tout prix

Vous n'avez rien compris à la saga de la désignation de François Lamy dans la première circonscription lilloise ? Vous êtes curieux de savoir comment Martine Aubry prépare sa succession ? Mediacités a mené l'enquête et reconstitué en six actes ce feuilleton à rebondissements ponctué de scènes peu reluisantes pour la démocratie.

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Imposé par Martine Aubry dans la première circonscription de Lille, il reste moins de six mois à François Lamy pour convaincre électeurs et militants socialistes © Andia

I/ Hiver 2014 – Un parachutage surprise
« Ah oui, au fait, je voulais te dire, pour la succession de Martine, c’est réglé. » En ce 1er novembre 2014, dans les loges VIP du stade Pierre Mauroy, Pierre de Saintignon ne doute de rien alors qu’il achève une discussion avec un élu métropolitain. Le premier adjoint à la mairie de Lille n’en dit pas plus. Il veut garder la surprise. Une semaine plus tard, Martine Aubry convoque la presse pour annoncer l’arrivée à Lille d’un certain François Lamy. Ministre de la ville de Jean‐Marc Ayrault, l’homme a des qualités : il bosse, il est un peu connu (même si beaucoup de Lillois le confondent avec Pascal Lamy, l’ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce) et c’est le premier des aubryistes. Ou le… dernier, indiquent les mauvaises langues. Depuis quelque temps, Martine Aubry voit en effet nombre de ses proches s’éloigner les uns après les autres : la dauphine Audrey Linkenheld, la « machine » Jean‐Marc Germain, la copine Marylise Lebranchu…

Autre avantage ? François Lamy, ancien animateur socioculturel de 57 ans, qui a fait ses classes au PS depuis 1985, est disponible. Son camp vient de perdre la mairie de Palaiseau, en banlieue parisienne, dont il était maire depuis 2001. Disponible, enfin presque… Il a été élu député de l’Essonne en 2012. Son installation à mi‐mandat dans la métropole nordiste peut donc surprendre. « On n’a qu’à dire qu’un député est avant tout un représentant de la Nation », suggère un conseiller en communication. Tope là ! Ce sera l’argument pour justifier un parachutage que d’aucuns – même parmi les premiers soutiens de Martine Aubry – qualifient en privé d’inattendu.
II/ Décembre 2015 – Premier « ancrage » raté
En cette fin 2014, Martine Aubry ne digère pas le mauvais coup que lui ont fait Manuel Valls et François Hollande au mois d’août en nommant Patrick Kanner, 59 ans, au ministère de la Ville. Soit au poste occupé par François Lamy de mai 2012 à mars 2014 ! Une grossière manœuvre, estime la maire de Lille, destinée avant tout à lui mettre un rival entre les pattes. « Lamy contre Kanner » : l’affiche du duel de l’après‐Aubry se dessine. Il faut donc d’urgence trouver une légitimité démocratique au nouveau venu. Ça tombe bien, les élections régionales de décembre 2015 approchent.

La composition de la liste donne lieu à lutte épique entre kannériens et aubrystes. Après d’âpres négociations, Martine Aubry parvient à imposer François Lamy en position éligible, à la 7ème place sur la liste emmenée par Pierre de Saintignon. Tout ça pour ça… Le 7 décembre, à l’issue du premier tour, les socialistes se retirent pour barrer la route au FN. Il n’y aura pas de socialistes dans l’hémicycle régional. Et encore moins de François Lamy.

Venu s’installer à Lille avec femme et bagages, que fait alors l’intéressé de ses journées ? « Je découvre la ville, je vois ce qui va, ce qui ne va pas et le fait remonter à Martine, » explique‐t‐il à nos …

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Par Alexandre Lenoir

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