Derrière le salaire faramineux des ex‐directeurs de Noréade, une gestion opaque et un président omnipotent

Alors que les usagers de la plus grande régie publique de France paient des factures d’eau toujours plus élevées, l’octroi durant des années d’une rémunération mensuelle de 14 000 euros à son directeur pose question. Une dérive qui semble avoir été favorisée par l’opacité de la gouvernance de ce syndicat intercommunal.

De gauche à droite : Bernard Poyet, directeur général de la régie entre 2005 et 2019, Paul Raoult, président de la régie depuis 1992 et Marcus Agbekodo, directeur éphémère de la régie entre 2019 et 2020.

Pendant au moins six ans, le directeur général historique de la régie Noréade, mastodonte de la gestion de l’eau en France, a touché près de 14 000 euros net par mois. C’est la révélation surprenante que fait la Chambre régionale des comptes (CRC) en 2019. Créée il y a 75 ans, la puissante régie publique s’occupe de l’assainissement, de la production et de la distribution de l’eau potable pour le compte de 740 communes du Nord, du Pas‐de‐Calais et de l’Aisne. Un statut qui l’empêche de servir des rémunérations aussi élevées à son directeur général.

Alors que Bernard Poyet est sur le point de prendre sa retraite, après quarante‐quatre ans de service au sein du syndicat, dont quatorze ans à ce poste, les magistrats découvrent une situation hors‐norme : la rémunération de l’ancien directeur s’élevait en 2017 à 198 546 euros brut annuels. Et même à 203 236 euros, avec les avantages en nature. « Cette situation particulièrement généreuse résulte de modalités d’emploi qui ne respectent pas le cadre réglementaire applicable et exonèrent sur certains points des stipulations de l’accord d’entreprise », précisent‐ils.

« [Le salaire] du directeur général échappe à toute comparaison, dépassant les plus hautes rémunérations de fonctionnaires de l’Etat », s’étonnent les magistrats. Bernard Poyet gagne alors en effet autant qu’un Président de la République. Et encore, sans compter les bonus. En 2010 et en 2013, des modifications de son contrat de travail lui permettent de percevoir deux primes supplémentaires allant jusqu’à 28 000 euros par an. Là encore sans fondement juridique.

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Publié le

Temps de lecture : 9 minutes

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Par Eden Sakhi-Momen

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