Affaire Moudenc : les preuves de l’implication du maire de Toulouse

De nombreux documents consultés par Mediacités montrent que le maire de Toulouse ne pouvait ignorer que ses collaborateurs de cabinet travaillaient pendant leur temps de travail pour sa candidature lors de la campagne municipale 2020. Ils montrent aussi que Jean-Luc Moudenc leur a lui-même donné des consignes alors qu’ils étaient salariés par la mairie. Un mélange des genres interdit par la loi.

Jean-Luc Moudec, lors du conseil municipal de Toulouse de juin 2025. / Crédit Frédéric Scheiber
Jean-Luc Moudec, lors du conseil municipal de Toulouse de juin 2025. / Crédit Frédéric Scheiber

« Il me faut cette note sur papier demain matin. » Un soir de novembre 2019, Jean‐Luc Moudenc envoie cette consigne par courriel, depuis son adresse personnelle, à l’un de ses collaborateurs de cabinet. 

Rédigée par son cabinet, la note en question conseille au maire sortant de marteler « l’exigence de continuité de l’action politique » et la « nécessité de prendre de la hauteur par rapport aux clivages » lors d’un rendez‐vous important dans le cadre de sa campagne municipale 2020. Le document incite aussi le candidat à insister sur sa « candidature en dehors des partis », sa stature de « candidat de l’expérience », sa « volonté de se libérer de la tyrannie du court terme » et « les promesses tenues » lors de son mandat 2014–2020.

Si l’on a connaissance de ce document, c’est parce qu’il fait partie d’un dossier de près de deux cents éléments accumulés par Mediacités au cours de plusieurs mois d’enquête. Courriels, notes, argumentaires, agenda… Les différentes pièces de puzzle nous ont permis de révéler, le 16 juin dernier, comment une douzaine de salariés municipaux, membres du cabinet du maire, auraient œuvré à la candidature de Jean‐Luc Moudenc entre septembre 2019 et juin 2020. Notamment pendant leurs heures de travail.

https://www.mediacites.fr/enquete/toulouse/2025/06/16/une-douzaine-de-salaries-de-la-mairie-de-toulouse-au-coeur-de-la-campagne-2020-de-jean-luc-moudenc/

Orchestrée par Arnaud Mounier, alors directeur de cabinet du maire de Toulouse, cette arrière‐cuisine de campagne s’est-elle faite dans le dos du candidat sortant, « à l’insu de son plein gré » ? La question est loin d’être anodine, comme l’ont noté nos confrères des Surligneurs.

Selon l’analyse de Jean‐Baptiste Thierry, professeur de droit pénal à l’université de Lorraine, et Jean‐Paul Markus, professeur de droit public, université Paris‐Saclay, la responsabilité du maire de Toulouse dans ces faits potentiellement délictuels pourrait être mise en cause à la condition « qu’il avait connaissance de l’usage détourné des moyens municipaux ». 

Or, comme le montre le courriel cité ci‐dessus, ainsi que d’autres documents aujourd’hui entre les mains de la justice depuis la plainte pour détournement de fonds publics et financement illégal de campagne déposée par l’association Anticor, il semble avéré que Jean‐Luc Moudenc a donné à plusieurs reprises des consignes claires à des employés municipaux mobilisés sur sa campagne au frais de la collectivit …

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Temps de lecture : 10 minutes

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Par Gael Cérez