L’heure n’est pas à la remise en cause au collège Marengo. Lors du dernier conseil d’administration, le lendemain de la publication du premier volet de notre enquête, l’équipe de direction de l’établissement se serait contentée de mettre en avant « ce qui va » dans le collège, et ses initiatives pour lutter contre les violences et le harcèlement, sans pour autant les préciser toujours.
Sa gestion des violences est pourtant clairement contestée en interne depuis au moins 2023. Dans un courrier adressé le 15 mai dernier au principal José Moreno, le personnel faisait même « le constat que la situation empire ». En cause : un manque d’écoute et la non‐prise au sérieux des problèmes, qui impactent, selon eux, la gestion courante de cet établissement de 350 élèves, pourtant pas particulièrement défavorisé [Voir encadré plus bas].
« La violence s’installe, car le principal n’assure pas la gestion du collège, confirme Sabrina Roche, la co‐secrétaire de la CGT Éducation 31, qui suit le dossier. S’il y a des violences, elles ne peuvent qu’augmenter, car il n’y a pas de limites. Les collègues ne se sentent pas protégés ».
L’exemple de Stefen*, un élève harcelé pendant trois ans dans l’établissement, illustre les défaillances au sein de l’établissement. Selon Yolanda, la mère du garçon, le principal auteur des coups visant son fils n’a jamais été convoqué à un seul conseil de discipline ni même été sanctionné. À ses yeux, le principal aurait minimisé les violences subies. « J’ai toujours essayé d’instaurer le dialogue avec M. Moreno mais il était imperméable quand il nous recevait. Il m’a parlé de boutades d’enfants », témoigne‐t‐elle. Contacté, le principal n’a pas donné suite à nos questions.
D’autres encadrants n’auraient pas non plus joué leur rôle, selon cette mère d’élève. Représentante des parents d’élève pendant jusqu’à septembre 2024, elle raconte avoir été témoin d’une bagarre entre élèves dans la cour de l’établissement. « Après les avoir séparés, je suis allée prévenir la conseillère principale d’éducation (CPE) dans son bureau. Elle m’a ignorée », déplore‐t‐elle.
« L’administration fait l’autruche. Les professeurs sont débordés. 300 adultes en devenir, sans surveillance et sans contrôle, c’est lourd de conséquences », dénonce celle, qui – de guerre lasse – a finalement changé son fils d’établissement… pour le scolariser dans le privé.
Témoin de la montée en flèche du nombre de bagarres l’an dernier, Édouard* confirme, lui aussi, les manquements du collège face aux mauvais comportements des élèves. « On n’avait aucun soutien de la CPE, qui était souvent occupée. Normalement, un principal reçoit les protagonistes d’une bagarre, appelle les parents et pose des sanctions. Mais à Marengo, les violences restaient souvent sans conséquence. Les élèves savaient qu’ils faisaient ce qu’ils voulaient », témoigne l’ancien surveillant.
Le rectorat alerté dès janvier 2025
Les remises en cause de José Moreno, en place depuis la rentrée 2022, sont largement documentées. En décembre 2024, les personnels d’éducation et d’enseignement décident de l’alerter en marge d’une réunion. Dénonçant les « dysfonctionnements qui perturbent la vie de l’établissement », mais aussi …