Groupes d’intérêts : « Localement l’encadrement des lobbys reste flou » 

Scrutés à Bruxelles ou à l’Assemblée nationale, les lobbys sont moins identifiés au niveau local. Pourtant, les groupes d’intérêts jouent un rôle clef dans les collectivités territoriales, selon le chercheur Stéphane Cadiou. Des associations de riverains aux professionnels de l’influence, leur existence interroge nos démocraties locales.

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Illustration : Jean-Paul Van der Elst

Nicolas Hulot a récemment dénoncé la présence excessive des lobbys « dans les cercles du pouvoir ». Mais leur action ne se limite pas à Bruxelles ou Paris. De nombreux groupes d’intérêts s’affairent auprès des collectivités locales. Depuis sa création, Mediacités a ainsi documenté l’action du lobby du Lyon‐Turin ou celui des partisans de l’autoroute Toulouse‐Castres. Au‐delà des sphères économiques, les associations citoyennes, mouvements écologistes, clubs sportifs, collectifs de riverains ou de jeunes entrepreneurs ont aussi à cœur de défendre leurs intérêts auprès des décideurs locaux.

Quel rôle jouent ces lobbies au niveau local ? Pour Stéphane Cadiou, maître de conférence en sciences politiques à l’université de Saint‐Etienne, chercheur au laboratoire Triangle et directeur de l’ouvrage « Gouverner sous pression ? La participation des groupes d’intérêts aux affaires territoriales » (2016, LGDJ), ces groupes locaux, moins structurés que les lobbies nationaux, sont avant tout en quête d’une relation de proximité avec les élus. Un lien parfois bénéfique à l’action publique, mais potentiellement dangereux pour nos démocraties locales du fait de la professionnalisation en cours du lobbying local et de l’absence d’une législation claire.

Quand on parle de lobbies et de groupes d’intérêts, on pense à Bruxelles ou à l’Assemblée nationale, rarement aux collectivités locales. A tort ?

Stéphane Cadiou : Il est vrai que le terme « groupe d’intérêts » a d’abord été utilisé à l’échelle de l’Union Européenne, puis à l’échelle nationale à partir des années 1990. A l’échelle locale, il y a une vraie réticence à en parler. Or, il existe toutes sortes de groupes d’intérêts au niveau local même s’ils utilisent d’autres moyens et s’ils n’ont pas les mêmes pouvoirs.

D’où vient alors cette réticence à parler de groupes d’intérêts locaux ?

Pendant très longtemps en France, on a eu cette croyance quasi idéologique qu’on ne faisait pas de politique à l’échelle locale ; que le local était un simple échelon administratif. Le fait d’appartenir à un même territoire, d’être habitant d’une même commune, devait supplanter les divisions, les conflits, les intérêts divergents… Les élus continuent de …

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Propos recueillis par Mathieu Périsse / We Report