« La réindustrialisation des territoires ne se décrète pas »

Après avoir été longtemps dénigrée, l’industrie a regagné ses lettres de noblesses à la faveur de la crise sanitaire. La nécessité de relocaliser des activités de fabrication fait l’unanimité. Mais le volontarisme des pouvoirs publics, locaux ou nationaux, même s’il est nécessaire, ne suffira pas pour la géographe spécialiste des questions industrielle Anaïs Voy-Gillis.

17 aout Dessin JPVDE industrie macro
Illustration Jean-Paul Van der Elst

Les pénuries et les tensions apparues au début de la crise sanitaire sur des produits essentiels comme les masques, les respirateurs ou certains médicaments ont révélé l’ampleur de la désindustrialisation de la France. De toutes parts, des voix se sont élevées pour appeler à relocaliser des activités de fabrication. L’industrie serait‐elle enfin redevenue à la mode ?

Anaïs Voy‐Gillis : Le coronavirus est un accélérateur. En révélant les fragilités et l’interdépendance des chaînes de valeur, il a permis de mettre une urgence derrière le mouvement de réindustrialisation qui s’est mis en route, encore trop lentement, depuis moins de 5 ans.

C’est la crise de 2008–2009 qui a permis à la question industrielle de revenir dans le débat public. Elle a initié une première prise de conscience de la dépendance de la France et de la nécessité de renouer avec une balance commerciale au moins à l’équilibre. Le vrai réveil se produit en 2012 avec l’arrivée d’Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif et, surtout, avec la remise du rapport Gallois en novembre 2012 qui émet une série d’alertes sur la compétitivité française. En réaction, Arnaud Montebourg mettra en place les 34 plans industriels et une politique visant à accompagner les relocalisations d’activités en France. Le succès de ces politiques est mitigé, mais l’industrie française rebondit depuis 2017. 

Ce volontarisme industriel n’a‑t-il pas été interrompu ? Au ministère de l’Économie de 2014 à 2016, les priorités d’Emmanuel Macron allaient plus aux start‐up et au numérique…

Effectivement, après Montebourg s’ensuit une période un peu creuse. Emmanuel Macron n’est pas quelqu’un qui s’intéresse spécialement à l’industrie au départ. Mais il évolue une fois parvenu à l’Élysée. Sa prise de conscience est liée d’un côté au mouvement des gilets jaunes, de l’autre à des déclarations de certains patrons. Philippe Petitcolin, notamment, le PDG de Safran, sonne l’alarme en disant qu’il est très compliqué de s’implanter en France. Par ailleurs, l’industrie redevient créatrice d’emplois en France à partir de 2017.

Tout cela incite le pouvoir politique à remettre l’industrie sur le devant de la scène au travers de deux événements majeurs organisés en janvier 2020 : le premier est « Choose France », destiné à valoriser l’image du site France pour attirer des investisseurs étrangers ; le second est l’exposition « Fabriqué en France », organisée à l’Élysée, qui a permis de valoriser 120 objets produits en France et illustrant les savoirs et savoir‐faire des départements français. Cet événement est particulièrement symbolique car il a permis de ramener l’industrie dans les lieux de pouvoir.

Est‐ce suffisant pour constituer …

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Temps de lecture : 10 minutes

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Par Propos recueillis par Yves Adaken