Au terme d’un réquisitoire ciselé de trois heures, l’avocat général Antoine Berthelot s’est fait solennel : « Monsieur Castelain a une conception très singulière de la probité. Le scrupule est absent de ses pensées. Or, l’argent public ne tombe pas du ciel. Un responsable public se doit d’être particulièrement scrupuleux. Si cette procédure doit avoir un intérêt, c’est pour qu’on en finisse avec cette ère dévoyée où il y a confusion entre l’intérêt personnel et l’intérêt public. »
C’est en constatant la « dérive personnelle d’une personne dont la boussole [éthique] s’est déréglée » qu’Antoine Berthelot a requis dix‐huit mois de prison avec sursis simple, 30 000 euros d’amende et, surtout, deux ans d’inéligibilité avec exécution provisoire (c’est-à-dire immédiate) à l’encontre du président de la Métropole européenne de Lille (MEL). Une peine qui, si elle est confirmée par la Cour d’appel, équivaudrait à l’exécution politique de Damien Castelain. Car, même en cas de pourvoi en cassation, celui‐ci serait obligé de quitter ses mandats.
Cette menace a évidemment fait bondir les avocats de Damien Castelain. Dans sa plaidoirie, Me Jean‐François Morant rappelle que la justice encadre « le pouvoir presque dévastateur de l’exécution provisoire » pour éviter qu’on l’accuse de politiser ses jugements. « Où sont les critères de proportionnalité qui avaient conduit les juges de première instance à ne pas demander d’exécution provisoire ? L’avocat général n’en a pas dit un mot », poursuit l’avocat. Et …