Prix du journalisme environnemental : mention spéciale pour une enquête sur les PFAS publiée par Mediacités

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Par Nicolas Barriquand

Le jury du « prix du journalisme environnemental », organisé par l’association JNE et l’université Paris Dauphine-PSL, a distingué les journalistes Lucas Martin-Brodzicki et Hugo Coignard, du collectif Enketo, pour des révélations parues dans nos pages.

A l’heure de la loi Duplomb et de la mobilisation sans précédent en faveur d’une pétition citoyenne pour son abrogation, l’intérêt d’un journalisme environnemental qui éclaire le public sur les enjeux écologiques n’est plus à démontrer. Mais face à l’essor du climatoscepticisme, et dans un contexte de « backlash écologique », il n’est pas superflu de mettre à l’honneur celles et ceux qui le pratiquent.

C’est le sens du « prix du journalisme environnemental » créé par l’Association des journalistes‐écrivains pour la nature et l’écologie (JNE) et l’université Paris Dauphine‐PSL. Pour la première édition de ce prix, dont les résultats ont été annoncés le 17 juillet dernier, Mediacités a eu le plaisir d’apprendre qu’une enquête publiée dans nos pages a reçu l’une des deux mentions spéciales du jury. Il s’agit d’un article signé Hugo Coignard et Lucas Martin‐Brodzicki, journalistes du collectif Enketo et collaborateurs réguliers de notre édition lyonnaise, intitulé « Scandale des PFAS : des boues contaminées épandues sur plus de 1100 hectares de cultures de l’Est lyonnais ». Bravo à eux deux !

Travail de longue haleine

Publiée en mars 2024, l’enquête de Lucas et Hugo révélait des concentrations importantes de PFAS, les fameux « polluants éternels » qui ont contaminé l’environnement et les hommes dans la vallée de la chimie, dans des boues de la station d’épuration de Givors. Problème : comme nos deux journalistes l’avaient minutieusement documenté, ces boues étaient épandues dans les champs de la région lyonnaise. Dans un complément d’enquête publié quelques mois plus tard, Lucas précisait les noms des 18 communes concernées par ces épandages pollués, de Meyzieu ou Genas, dans l’Est lyonnais, à Mornant ou Saint‐Romain‐en‐Gier.

Scandale des PFAS : des boues contaminées épandues sur plus de 1 100 hectares de cultures de l’Est lyonnais

Cette distinction récompense un travail de longue haleine, qui trouve son origine dans la publication d’un rapport parlementaire de mars 2023 sur les PFAS. Dans ce document, il était fait mention de prélèvements sur des boues d’épuration de Givors, mais, après recherches, Hugo et Lucas ne trouvaient trace d’aucuns résultats d’analyse liés à ces prélèvements dans les documents publiés par les services de la préfecture. Opiniâtres, les deux journalistes les avaient finalement obtenus avant de mener leur enquête et de rendre accessibles aux lectrices et lecteurs les enjeux soulevés par ce dossier technique.

Une enquête qui a produit de l’impact

La mention décernée par l’association JNE vient mettre aussi en lumière une enquête qui a produit de l’impact. Suite à nos révélations, le maire d’une des communes concernées a réclamé des explications à la préfecture. Le syndicat qui gère la station d’épuration de Givors a – enfin – communiqué sur les fameuses boues auprès des élus locaux et des agriculteurs qui les utilisent. Les services de l’Etat ont par ailleurs lancé des études sur des légumes cultivés dans des parcelles amendées par les boues de Givors au cours des dix dernières années.

Épandages de boues polluées aux PFAS : la liste des 18 communes concernées autour de Lyon

Notre enquête a aussi trouvé un écho jusqu’à l’Assemblée nationale. Dans l’hémicycle, le député insoumis du Rhône Gabriel Amard avait interpellé le ministre de la Transition écologique «sur le laisser‐faire des services de l’État concernant l’épandage des boues d’épuration contaminées aux PFAS».

Enfin, pour la petite histoire, l’enquête primée est la toute première du collectif Enketo, qui rassemble aujourd’hui une quinzaine de journalistes dont plusieurs collaborateurs (pigistes ou journaliste intégré) de Mediacités. L’équipe d’Enketo s’est donnée pour mission d’enquêter « sur les pollueurs et destructeurs de la planète ». Pour Mediacités, elle a multiplié les révélations sur le géant de la chimie Arkema, sur les vraies‐fausses promesses de la décarbonation industrielle ou encore sur la pollution au CVM, un gaz cancérigène.

L’association JNE a par ailleurs attribué le premier prix du journalisme environnemental à Hortense Chauvin, autrice d’un article sur l’élargissement de la Seine, publié par Reporterre. L’autre mention spéciale du jury a distingué la journaliste Bérengère Lafeuille pour un article intitulé « A la recherche d’une protection anti‐loup », paru dans la revue L’éleveur laitier.