Avis aux auteurs et autrices de lettres anonymes

Illustrations Toulouse (19)
Des courriers anonymes reçus au siège de Mediacités. / Illustrations GC

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Par Gael Cérez

À Nantes, Lille, Lyon et Toulouse, les journalistes de Mediacités reçoivent régulièrement des lettres anonymes dénonçant des faits potentiellement illégaux. Bien qu'intéressantes, ces pistes sont souvent des impasses faute de pouvoir discuter avec ces lanceurs d'alerte d'un genre trop discret.

La lettre anonyme se raréfie, mais elle n’a pas encore dit son dernier mot. À l’heure des mails sous pseudo plus ou moins retraçables, la bonne vieille feuille A4 sans signature glissée dans une enveloppe et envoyée par voie postale reste un moyen sûr de contacter des journalistes prêts à mettre leur nez dans les affaires les plus obscures.

On les aime bien ces bouteilles à la mer reçues au siège lyonnais de Mediacités. Elles nous mettent l’eau à la bouche et nous donnent des idées. Elles s’étalent sur des pages ou ne contiennent que quelques mots. Elles peuvent être précises et croustillantes tout autant que creuses et diffamantes. Dans ce cas, disons‐le, on les aime moins.

Mais quel que soit leur contenu, toutes se terminent par un bas de page désespérément vide. Ni signature ni nom, si n’est parfois celui d’un énigmatique corbeau, sous les affirmations péremptoires. Bref, aucun indice pour retrouver l’expéditeur à qui on aimerait bien poser quelques questions. 

Parce qu’aussi intéressantes soient‐elles, ces lettres sont souvent inexploitables. Sur la douzaine reçue chaque année, aucune ne contenait suffisamment d’informations concrètes pour que nous lancions une enquête. 

Des impasses journalistiques

Tel élu accusé de distribuer les logements sociaux comme des petits pains. Tel autre qui se ferait fournir en enveloppes pré‐timbrées par des moyens détournés. Tout cela est très intrigant, mais encore faut‐il pouvoir le prouver. Or, affirmer quelque chose ou copier‐coller une facture sans produire l’originale ne suffit pas.

Un journaliste n’est pas un magicien. Il ne peut faire apparaître une preuve en invoquant l’esprit d’Albert Londres, un soir de pleine lune. Il doit rencontrer la personne détenant l’information pour discuter avec elle, comprendre ses intentions, vérifier sa fiabilité, etc.

Voilà pourquoi les lettres anonymes nous sont le plus souvent inutiles. Elles mettent l’eau à la bouche, avant de l’assécher. 

Alors, ami‐e‑s Corbeaux, reprenez vos plumes et, cette fois‐ci, laissez‐nous vos 06. Promis, votre identité sera bien gardée.

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