Marie‐Agnès Cabot, pasionaria de l’accouchement à domicile, pour le meilleur et le pire

Figure de proue, dans la région lyonnaise, de l’accouchement à la maison, la sage-femme de la Croix-Rousse, aujourd’hui élue écologiste au Grand Lyon, a brutalement mis fin à sa carrière il y a quelques mois, après la mort d'un nouveau-né. Ses vingt années d’expérience disent beaucoup des évolutions et des enjeux de cette approche alternative de la naissance qui divise.

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La sage-femme de la Croix-Rousse Marie-Agnès Cabot a été élue l'an dernier à la Métropole de Lyon. Montage photo : K.Arquillo/Mediacités.

À Lyon, son nom revient immanquablement dès qu’il est question d’accouchement à domicile. Retraitée depuis quelques mois après un événement dramatique [lire plus bas], Marie‐Agnès Cabot, 59 ans, a entamé une nouvelle vie l’an dernier en étant élue conseillère métropolitaine dans la majorité écologiste (elle a par ailleurs été réélue conseillère du 4e arrondissement). Mais cette sage‐femme au caractère bien trempé, installée à la Croix‐Rousse, a été pendant vingt ans la figure de proue d’une pratique aussi méprisée par certains que défendue par d’autres. Au point que son expérience professionnelle illustre assez finement les évolutions des attentes des femmes enceintes et leur regain d’intérêt pour « l’AAD » (le sigle utilisé par les professionnels de la naissance pour parler d’accouchement à domicile). Et qu’à l’image de l’accouchement à la maison, souvent synonyme d’émancipation mais parfois d’errements et de dérives, la soignante compte afficionados et contempteurs. 

Après une formation auprès de Jacqueline Lavillonnière, « une pointure de l’accouchement à domicile », Marie‐Agnès Cabot se lance dans les AAD en 2003. « En tant que sage‐femme libérale, cela me manquait de ne plus accompagner de naissances et de ne plus voir de nouveau‐nés », confie‐t‐elle. Pour elle, accoucher chez soi n’avait alors rien d’extraordinaire : « J’ai débuté ma carrière au début des années 1980, quand il était encore habituel d’accoucher sans péridurale. J’étais aussi écolo, mère de cinq enfants, tous nés facilement sans péridurale. »

Au début, les femmes qui la sollicitent sont avant tout attirées par des raisons pratiques. « Avec la fermeture des petites maternités de proximité, beaucoup avaient peur de ne pas arriver à temps, d’accoucher dans la voiture ou avec les pompiers », se souvient‐elle. À ces craintes s’ajoutent une montée des discriminations islamophobes qui accélère le mouvement : « Refuser d’être soignée par un homme, c’est toléré quand on vient des beaux quartiers, pas quand on porte le voile. Ces femmes préféraient donc opter pour l’AAD, simplement parce que j’étais une femme. »

Très vite, l’activité de Marie‐Agnès Cabot prend une dimension plus militante. Depuis le début des années 2000, l’accouchement à la maison est sur la sellette. Au regard des nouveaux standards de l’obstétrique qui font de l’hyper-médicalisation des naissances un gage de sécurité et de confort, nombre de professionnels la considèrent comme une pratique obsolète.
Poursuivre dans l’illégalité
À l’échelle nationale, les premiers coups de semonce remontent à 2002. La loi Kouchner rend alors obligatoire la souscription d’une assurance professionnelle pour tous les soignants en libéral. Peu au fait du 

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