Usine ArianeGroup : la crainte d’un nouvel AZF

Connue sous le nom de « poudrerie », l’ancienne Société Nationale des Poudres et Explosifs, présente toujours de sérieux risques industriels malgré les nombreuses mesures prises depuis la catastrophe AZF. Dans le silence général.

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L'ancienne Société Nationale des Poudres et Explosifs, présente toujours de sérieux risques industriels malgré les nombreuses mesures prises depuis la catastrophe AZF. Photo : Sylvain Morvan.

Vingt‐et‐un septembre 2018. Comme chaque année, les principales personnalités politiques de la région sont réunies pour commémorer la catastrophe AZF, qui a fait 31 morts dix‐sept ans plus tôt. Les mines sont graves, les allocutions tout autant. Pourtant, la plupart de ces élus ne prononcent jamais un mot sur les dangers que présente l’usine ArianeGroup. Située à quelques encablures du cratère d’AZF, on peut l’apercevoir depuis la rocade Sud toulousaine. Elle se signale par sa haute cheminée dépassant les arbres qui bordent le sud de l’île du Ramier où elle est implantée.

L’établissement continue de produire des matières dangereuses à grand régime. D’où son classement Seveso « seuil haut » par l’Etat. Connue des vieux Toulousains sous le nom de « poudrerie », cette entreprise était une société d’État, la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE). Ses activités dans la ville rose ont été privatisées, fin 2009, au bénéfice de Safran, avant de devenir ArianeGroup, détenue à parité par Airbus et Safran. Elle est l’un des principaux acteurs mondiaux dans le domaine des lanceurs de satellites civils et militaires.

Après la catastrophe AZF et à la suite d’une visite de l’Inspection des Sites Classés, en 2002, le site toulousain a dû réduire drastiquement certaines activités, comme la fabrication de phosgène. La SNPE a aussi été contrainte de fractionner le stockage de l’ammoniac en petits containers de 400 kg pour limiter le risque. Auparavant, en cas d’accident, ses wagons d’ammoniac auraient pu générer des effets mortels jusqu’à plus de 2,3 kilomètres à la ronde ! De même, le chlore n’est plus stocké sur place. Cette réduction des activités imposée par l’État a conduit à supprimer 15 ateliers de production sur 19, ce qui a ramené l’effectif de 600 à 87 salariés.

A la demande du Préfet – dès 2010 -, puis sous la pression des collectivités locales (notamment le Conseil départemental et la mairie de Toulouse), l’entreprise a fini, en 2014, par installer un dispositif de récupération et de recyclage des poussières de perchlorate d’ammonium dans ses ateliers. Cette substance, la principale matière encore produite sur le site, entre dans la fabrication du carburant d’Ariane et du missile …

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Par Frédéric Dessort